Les nouvelles lois et notre besoin de confort laissent l'auto sans voix? Détrompez-vous, l'orchestre n'attend que vos demandes spéciales.

Ça peut paraître paradoxal, mais le silence convient mal à l'auto. Il diminue le plaisir de conduire. Lorsqu'il s'agit d'engager un dépassement énergique ou de rétrograder un rapport de la boîte de vitesses, il est toujours plus rassurant (et grisant, parfois...) d'entendre clairement les vocalises de son moteur. En apparence cette époque est révolue. Ces dernières années, à la faveur de normes plus contraignantes pour limiter la pollution sonore, mais aussi pour favoriser le sacro-saint confort, les habitacles de nos autos sont devenus de véritables monastères.

Pourtant, au même titre que le dessin de la calandre ou la texture des matériaux, l'élément sonore fait partie de la signature d'une auto. En fait, sans trop exagérer, chaque véhicule doit, comme chacun de nous tous, avoir un son bien à lui. Cela fait partie de l'identité du modèle, voire de la marque. Et cette tendance ne touche pas seulement les plus élitistes d'entre elles. Les plus « communes « aussi y attachent de l'importance.

Prenez la Focus dont il est question dans nos pages cette semaine. Son timbre métallique n'a rien à voir avec celui des Focus régulières. Normal, son moteur est suralimenté par un turbocompresseur! Toutefois, l'ajout de cet accessoire n'explique pas tout de la sonorité de ses échappements. La tonalité de cette Ford est le fruit d'un travail de composition. Comme bon nombre de constructeurs, Ford a développé un dispositif - sound symposer -, qui transmet une « partition moteur « savamment interprétée dans l'habitacle. Ce « DJ électronique « a pour fonction de produire le bon son au bon moment : un son raffiné en vitesse de croisière, mais résolument agressif lors des accélérations.

Ce n'est pas la première fois que Ford utilise cette approche pour nous en mettre plein les oreilles. La Mustang aussi fait appel à une technologie similaire, quoique plus rustique, en ajoutant un résonateur entre le moteur et la cloison pare-feu de l'habitacle sur ces modèles équipés du moteur V8. La Boss 302, une autre déclinaison de la Mustang pousse la note un peu plus haut en proposant quatre sorties d'échappement, dont deux se trouvent sur les côtés. Au propriétaire de choisir, ou non, de retirer les plaques qui recouvrent les embouts pour vivre une expérience sonore globale.

Lexus, qui poursuit jusqu'à décembre la production de sa sportive LF-A, a eu recours au service de la branche musicale de Yamaha pour donner une voix de ténor à son moteur V10.

BMW n'est pas allé aussi loin, mais sa M5 a tout de même recours à une « image sonore « pour soutenir le chant émasculé de son V8 depuis que ses turbos logent entre les deux rangées de cylindres. La marque allemande prétend que le son est authentique. Je le trouve pour ma part un brin artificiel.

Et demain ?

Si la création de ces bandes sonores vous offusque, c'est que vous n'avez encore rien entendu. L'inaudible voiture électrique ne restera pas muette très longtemps. Déjà, ses compatriotes hybrides et elle sont tenus d'émettre un son à basse vitesse pour ne pas surprendre les piétons et les non-voyants.

Demain, elles feront plus de bruit encore, promet notamment Audi qui a développé le e-sound pour ses futurs modèles à propulsion électrique. Chaque modèle aura droit à son timbre distinctif, y compris des reproductions sonores de moteurs à essence grâce à un haut-parleur de 40 watts.

Qui sait, un jour peut-être, pourra-t-on y brancher notre micro de karaoké?