Le salon automobile de Moscou, c'est près d'un million de visiteurs qui souhaitent changer d'auto. Une manne inespérée pour les constructeurs que le marché européen déprime.

Il y a deux ans, c'était un peu le salon de rien du tout. Le voilà aujourd'hui incontournable sur l'échiquier européen, au même titre que Paris et Francfort. Cela s'explique. La Russie est en voie de devenir le marché automobile le plus important d'Europe.

Alors que les ventes sont au ralenti sur la presque totalité des marchés européens, la Russie, elle, embraye. Les principaux analystes, dont l'Association of Europeen Business (AEB), estiment que près de 3 millions de véhicules neufs trouveront preneurs cette année. Et la croissance, pensent-ils, ne s'arrêtera pas là.

Le tiers du parc automobile russe a déjà 15 ans au compteur et l'offre n'a jamais été aussi foisonnante depuis la mise en place d'un nouveau pacte entre le gouvernement russe et les constructeurs étrangers. Ce pacte consiste en gros à une réduction de la taxe à l'importation en échange d'une plus grande participation locale des constructeurs dans la fabrication de moteurs, de pièces détachées.

Cela explique par exemple le partenariat entre Renault et Lada, ou encore pourquoi General Motors y investit plus d'un milliard de dollars. Le mois prochain, Mazda démarrera la production de certains de ses modèles à sa nouvelle usine de Vladivostok, et Audi songe sérieusement à en ériger une d'ici un an.

Aujourd'hui, la population russe ne rêve plus d'une auto «étrangère», elle peut désormais se l'offrir. Même si Lada occupe toujours les positions de tête au palmarès des ventes en Russie, les «étrangers» progressent. Les Hyundai Solaris (équivalent de l'Accent offerte au Canada) et Nissan Juke se sont frayés une place dans le top 10 des meilleurs vendeurs.

La brèche est ouverte, les grands constructeurs s'y engouffrent. Mazda, pour sa part, qui a profité de son passage au salon pour révéler en avant-première mondiale sa future intermédiaire, la 6. Ce modèle qui entreprendra une carrière au Canada d'ici la fin de la présente année «correspond parfaitement aux aspirations de la clientèle russe», explique Greg Young, responsable des communications pour Mazda. «Comme les Chinois, les Russes apprécient les berlines spacieuses et traditionnelles.»

60% des berlines tricorps

Si l'on prête foi aux chiffres avancés par les constructeurs, la Russie absorbe plus de 60% des berlines tricorps (capot-habitacle-coffre) produites en Europe.

Outre les berlines, le segment des utilitaires est en plein essor aussi. Land Rover, filiale de l'indien Tata Motors, a d'ailleurs profité de l'événement russe pour dévoiler une version rajeunie de son LR2, Chevrolet révélait son plus récent Trailblazer animé d'un moteur six cylindres turbodiesel et Kia, sa nouvelle génération de Sorento.

Contrairement aux autres salons internationaux, l'économie de carburant et la réduction des gaz polluants ne préoccupent guère les visiteurs russes. Quand on paie moins d'un dollar le litre d'essence, on peut aisément comprendre pourquoi.