Certains constructeurs automobiles proposent des aides à la conduite de plus en plus perfectionnées. D'autres prétendent concevoir des véhicules plus sûrs. C'est bien, mais le consommateur en fait-il pour autant un critère de sélection? Pas si sûr!

En matière d'image, la sécurité automobile est, pour un constructeur, difficile à vendre. Dans l'inconscient collectif, les mots «accident», «blessures», «mortalité» sont les perceptions qui s'en rapprochent le plus. Nous sommes ici très loin du discours habituel qui tend à considérer l'automobile en tant qu'objet de plaisir, de liberté ou d'autonomie. La sécurité? Pour la plupart des automobilistes, il s'agit d'une valeur ajoutée, voire d'un acquis, une obligation. L'esthétique, le prix, la consommation de carburant, la technologie et la fiabilité représentent des arguments de vente.

Volvo, par exemple, a mis du temps à le comprendre. Cette marque d'origine suédoise a longtemps fait de la sécurité son fonds de commerce. La minuscule part de marché détenue par Volvo démontre, à elle seule, que la sécurité ne vend pas. Si tel avait été le cas, on trouvait une création de ce constructeur scandinave dans toutes les entrées de garage du monde.

Comprenons-nous bien, les automobilistes demeurent conscients que les accidents de la route n'arrivent pas forcément qu'aux autres. Mais s'ils surviennent, c'est bien à cause des autres...

Les inégalités

Pour autant, on ne peut pas dire que les marques ne communiquent pas sur la sécurité. Certaines, plus que d'autres, ne manquent pas de nous rappeler qu'elles comptent plus d'étoiles ou de mentions dans leur bulletin. Mais cet argument, parfois publicisé, est souvent noyé dans le flot descriptif des avancées technologiques, du respect de l'environnement ou simplement du grand volume du coffre... D'autant plus que, législation aidant, les coussins gonflables et le correcteur de stabilité électronique, pour ne parler que d'eux, sont devenus des équipements de série, y compris sur les modèles les plus financièrement accessibles. Tout comme le furent les ceintures de sécurité dans les années 60 et 70.

C'est l'air du temps qui conditionne le message et actuellement, il semble clair qu'il est axé plutôt sur des préoccupations économiques et environnementales. La sécurité? On préfère visiblement laisser les législateurs en faire la promotion, comme la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) aux États-Unis ou EuroNCAP sur le Vieux Continent. En distribuant leurs étoiles, ces organismes s'acquittent de la tâche de diffuser l'information sur la sécurité dite passive, c'est-à-dire lorsque l'accident est inévitable.

Malheureusement, ces mêmes étoiles tiennent peu ou pas compte des avancées en matière de sécurité active, c'est-à-dire des dispositifs susceptibles d'éviter l'accident. C'est pourtant dans cette catégorie que les constructeurs trouvent matière à pavoiser et à nous déprimer aussi. En effet, dans ce domaine, tous les automobilistes ne sont pas égaux. Plusieurs aides à la conduite, comme le régulateur de vitesse intelligent ou les capteurs d'angles morts, sont réservées à des véhicules élitistes ou mieux richement équipés.

Un impact à vérifier

D'aucuns se consoleront à l'idée qu'il est difficile de dire avec précision quel impact ou quelle valeur ont toutes ces aides à la conduite sur la sécurité active d'un véhicule. En effet, certains conducteurs, pas ou mal informés, ont parfois tendance à augmenter les risques au volant. Ils estiment pouvoir compter à tort sur un équipement leur permettant de raccourcir les distances de freinage ou encore de défier les lois de la gravité.

Un travail important de formation des représentants chez les concessionnaires doit être mené. Ces derniers se tournent vers des options plus aisées - et plus valorisantes pour le client - à vendre comme un toit panoramique en verre ou des jantes au fini nickelé.