Considérant sans doute qu'il y avait là une occasion à saisir, un afflux de petits constructeurs ont émergé, au cours des dernières années, dans le sillage du boom de la voiture électrique. Les marques Tazzari, Tesla, Think, Venturi et Fisker - pour ne nommer que celles-là - ont toutes ambitionné - à leurs débuts, à tout le moins - de devenir la General Motors ou la Ferrari de l'ère électrique.

La redistribution des cartes liée aux évolutions technologiques à venir pourrait bien donner leurs chances à quelques-unes de ces nouvelles marques. D'ailleurs, cela aurait très bien pu être aussi l'histoire des Lys, Vauk et Vision, trois marques automobiles québécoises créées par les étudiants de troisième année de l'École de design de l'Université de Montréal. Ces stylistes en devenir devaient en effet inventer de toutes pièces une marque automobile québécoise. Voilà le défi lancé par leur professeur, Louis-Philippe Pratte, ancien styliste chez Mazda.

Au terme d'un premier round éliminatoire, trois marques - Lys, Vauk et Vision - ont été retenues pour la grande finale qui s'est déroulée lundi dernier, juste avant la pause estivale, pour couronner les stylistes qui succéderont peut-être un jour aux Québécois Dany Garant (Audi), Ralph Gilles (Chrysler), Karim Habib (BMW), Louis Morasse (Renault) et Simon Lamarre (Volvo).

Dans la vaste salle de présentation, une quinzaine de maquettes étaient accrochées aux murs et aux fenêtres. Chaque étudiant était invité à présenter la marque et la gamme de produits qui la compose. Un travail colossal. Si l'aspect technique était un peu relégué au second plan - tous les véhicules avaient un propulseur électrique et un nombre plus ou moins important de panneaux photovoltaïques -, les étudiants devaient cependant s'assurer de concevoir une gamme cohérente, compétitive et attrayante pour assurer la viabilité de leur projet. Ils devaient également concevoir le logo de la marque, son slogan et baptiser chacun des modèles. Ainsi, a-t-on pu voir naître sous nos yeux des véhicules comme la Shine, la Saphir ou encore la Turku. Les appellations étaient toutes discutables, pas les voitures.

Si certaines créations trahissaient un certain copier-coller - n'est-ce pas là un peu ce que les grands constructeurs font par moments? -, la plupart des dessins réalisés apportaient un vent de fraîcheur et de créativité aux produits de cette industrie. Tous les étudiants ont su articuler une gamme en prenant bien soin d'intégrer le vocabulaire esthétique propre à chaque marque, mais aussi de respecter sa philosophie.

Tour à tour, chacun des étudiants a tenté de démontrer au jury de professionnels la pertinence et la viabilité de la marque à laquelle il était associé. Ils n'y sont pas tous parvenus. Au terme de leur délibération, les juges se sont prononcés sur la qualité des exposés et des dessins et ont proclamé la marque Vision et son modèle Bright les grands gagnants de cette compétition. Placée sous la direction de Michaël Roy, cette marque comportait cinq modèles qui occupaient chacun un créneau différent. Du très sportif Flare (deux places) à la très familiale Rise (sept places), cette marque - comme les autres - ne connaîtra jamais les joies de la production en série. Hélas.