Au départ de Munich en direction de Salzbourg, il y a d'abord cette Jetta des années 80 un peu boursouflée par ses élargisseurs d'aile d'où émergent des jantes BBS de couleur or toutes neuves. Plus loin, on double un cortège de bombinettes, très voyantes, mais, cette fois, plus modernes. Des Golf pour la plupart.

Un peu plus loin, on remarque pêle-mêle une Seat Ibiza orange avec des jantes vertes, une Audi bicolore (rose et blanc) avec un déflecteur avant si avancé et si bas qu'il a la forme d'un ramasse-poussière. On a vu aussi une Volkswagen 411 jaune à peine sortie de l'atelier de peinture.

Au volant, des jeunes - des garçons, mais aussi des filles -, comme tant d'autres, portaient lunettes de soleil et tatous en guise de chandail. Tous convergent vers Kempten, une petite municipalité autrichienne qui, jusqu'à dimanche, accueillait la grand-messe du groupe Volkswagen, le Wörthersee Tour, véritable florilège de la voiture personnalisée. Certains diront de la partie la plus visible - et souvent bon marché - d'une culture minoritaire, mais bien présente dans les rues du monde.

Pendant quatre jours, les amateurs des marques du groupe allemand ont défilé dans le village pour exhiber «leur vision particulière» du style. D'ailleurs, la liberté d'exécution que s'accordent ces «stylistes en herbe» accouche parfois de réalisations du plus mauvais goût et des associations de couleurs que même un daltonien n'oserait pas. L'aménagement du véhicule peut aussi réserver des surprises. Comme cette aire de parcours de golf aménagée dans la benne d'une camionnette.

Les véhicules exposés au Wörthersee Tour n'ont rien en commun avec la personnalisation moins extravertie, plus élitiste des constructeurs. Celle-ci a trouvé son plein essor en Grande-Bretagne et surtout en Allemagne, où Mercedes, BMW et Audi entretiennent des rapports privilégiés avec des «préparateurs» officiels comme AMG, M ou Quattro GMBh. Ces derniers veillent jalousement à ce que les modifications extérieures ne sautent pas aux yeux, comme pour mieux dissimuler l'ampleur des transformations mécaniques.

Source d'inspiration

N'en déplaise aux films qui leur sont destinés (Rapides et dangereux, Nitro...), les tuners rencontrés ne semblent pas particulièrement portés sur la conduite «tasse-toi mononcle», ce qui les distingue de leurs aînés des années 80. La personnalisation de leur voiture - dans laquelle ils engloutissent des sommes parfois importantes - se limite généralement à des jeux de couleurs, à des jantes, à des élargisseurs de voies (des spacers, si vous préférez). Aussi à des chaînes audio d'une telle puissance que vous aurez l'impression que l'orchestre se produit sur la banquette arrière. Et, hélas, le plus souvent, de gros clichés machistes qu'il est préférable ici de taire.

Les dirigeants du groupe VW présents sur place ne manquaient pas une occasion de rappeler que les idées avancées au Wörthersee représentaient une source d'inspiration inépuisable pour leurs stylistes. Hier sans doute, mais aujourd'hui, il y a tout lieu d'en douter. Après avoir vu la cuvée 2013 de cet événement, il en est peut-être mieux ainsi. L'heure du kitch et du rococo n'a pas encore sonné.