Un embouteillage. Un attroupement. Les véhicules de la Sûreté du Québec et d'Urgences-santé. Un petit tas de ferraille tordue. Une civière sur la chaussée. Encore un motocycliste qui vient de payer son tribut à la vitesse? À l'inconscience? À l'égoïsme? Peut-être, mais sans oublier les automobilistes qui ne les respectent pas?

Quand je suis en voiture, je peste contre les motocyclistes. Et quand je suis à moto, je me méfie des automobilistes. Oui, à moto, car à mes heures, je suis motocycliste aussi. Alors, peut-on en finir avec cette incompréhension mutuelle entre les deux et les quatre-roues? La route, ça se partage, comme l'a rappelé une publicité, et aux plus «gros» de redoubler de prudence.

Les automobilistes sont en grande partie responsables de cet état de fait. Bien à l'abri dans leurs habitacles surchauffés, volume de la radio au plancher, assoupis par la lenteur de la circulation, ils se soucient peu du sort de cette «gang de malades» qui se joue des embouteillages. En plus, ces motocyclistes font parfois des signes étranges que les automobilistes prennent pour des gestes d'agression.

Erreur, une main gauche levée veut dire «merci de m'avoir dégagé la voie». À ne pas confondre avec le poing gauche dressé ou une tentative de coup de pied dans la portière. C'est vrai qu'ils ne sont pas toujours polis, les motocyclistes. Mais mettez-vous à leur place. Sur leur machine, ils ont froid, sont trempés, voient mal, doivent rester hyper concentrés.

Les motocyclistes qu'on croise sur nos routes sont souvent plus expérimentés, mieux équipés et plus attentifs que leurs cousins des villes. Mais leur vitesse de circulation rend leur parcours encore plus dangereux. Car ils arrivent vite et les automobilistes ne décèlent souvent leur silhouette qu'à la toute dernière minute. Manque d'attention.

Comme la route, les torts se partagent

La faute n'incombe pas à tous les automobilistes pour autant. Les motocyclistes aussi ont leurs torts. Étrangers à ce monde de tortues enfermées dans leurs carapaces de tôle, nous réalisons mal à quel point il nous est difficile de les voir et de leur faciliter le passage. Et nous ne respectons pas scrupuleusement le Code de la route. Impatients, plusieurs motocyclistes roulent de l'autre côté de la ligne jaune, zigzaguent dans les bouchons de circulation ou se glissent à quelques millimètres d'un capot.

Peut-on espérer voir un jour cette cohabitation s'harmoniser? Il suffirait que les deux mondes cessent de s'ignorer. Pour ce faire, pourquoi ne pas imposer aux candidats automobilistes, à l'examen du permis de conduire, de monter derrière un moniteur pour faire un «tour de ville» en moto? Ils comprendraient alors peut-être mieux les problèmes inhérents à ce mode de locomotion. Et les futurs motocyclistes gagneraient en indulgence en roulant quelque temps en voiture et en observant leurs congénères. On apprend beaucoup, croyez-moi.