Dans les salons internationaux où ils s'exposent, les constructeurs automobiles chinois attisent la curiosité et suscitent bien des moqueries. Pour combien de temps encore ?

La semaine dernière, Doug Haiyang, le grand patron de la nouvelle entité automobile chinoise, DAIC International, a exprimé le souhait d'acquérir une marque européenne existante, sans donner plus de précision.

Cette déclaration n'a eu aucune répercussion sur les marchés financiers. Les titres des constructeurs européens sont tous demeurés stables. Pour combien de temps encore ? Nul ne le sait, mais les spéculations vont déjà bon train.

Dans la presse européenne, la semaine dernière, on faisait état de certaines marques susceptibles de passer sous la houlette d'un constructeur chinois. Parmi celles-ci, figuraient le groupe français PSA (Peugeot-Citroën), Opel, la filiale allemande de General Motors, ainsi que l'italien Fiat. Toutes ces spéculations paraissent pour l'heure hautement improbables, même si tous se trouvent en difficulté.

Le groupe PSA est actuellement en période de redressement mais l'une de ses dernières créations, la 2008, connaît un début de carrière très prometteur. Citroën proposera d'ici peu sa propre version de ce multisegment compact. C'est donc trop tôt pour ce constructeur français de prendre une telle décision, d'autant que son rapprochement avec GM pourrait déboucher sur de nouvelles opportunités.

Il apparaît tout aussi improbable que General Motors cède le contrôle d'Opel à des intérêts chinois. Et ce ne serait pas la première fois. On se souviendra que GM a préféré fermer Saab plutôt que de voir ses actifs récupérés par une entreprise chinoise.

Cela n'a toutefois pas empêché, il est vrai, le géant américain de vendre certains brevets de sa regrettée filiale suédoise au consortium chinois SAIC. Cette dernière a en effet déboursé quelque 200 millions de dollars pour obtenir la propriété intellectuelle et l'outillage qui lui permet aujourd'hui d'assembler de vieilles 9-5 (pas la dernière génération, l'avant-dernière).

À Turin, au siège social de Fiat, l'heure n'est pas aux fusions. Une certaine presse argue que le constructeur italien souhaite se départir d'Alfa Romeo. Si tel est le cas, vous pouvez être certain que ce n'est pas une marque chinoise qui va se l'approprier, mais plutôt Ferdinand Piëch et son puissant groupe Volkswagen.

Par contre, le grand patron de Fiat, Sergio Marchionne est un fin stratège. Il pourrait très bien vendre - au prix fort - Alfa Romeo, tout en exigeant les 20 % que détient Volkswagen dans Suzuki. Ce dernier cherche à sortir des griffes de VW et l'alliance apparaît plus naturelle avec Fiat qui commercialise déjà une version de la SX-4, la Sedici. De plus, avec Suzuki toujours, Fiat aurait un meilleur accès au marché indien et consoliderait sa position au Brésil.

Quelque chose à vendre, M. Marchionne ? Pourquoi ne pas se débarrasser de Lancia ? Cette marque aujourd'hui plus que centenaire représente une belle occasion pour un acheteur chinois en quête de respectabilité sur le marché international.

D'accord, Lancia, mais qui d'autres ? La petite firme Lotus est une candidate potentielle et, qui sait, peut-être même SEAT. La filiale espagnole du groupe VW peine à rentrer dans ses frais. À moins que son actuel propriétaire la transforme en une marque bon marché, imitant ainsi l'exemple de Renault avec Dacia et Nissan avec Datsun.