Si vous vous faites pincer à rouler à 150 km/h sur les routes ontariennes, bonne chance. On vous confisquera alors votre véhicule pour une période de sept jours et on vous collera une amende de 10 000$. Dans la foulée, le gouvernement ontarien inscrira 6 points d'inaptitude sur votre permis, mais aussitôt que votre dossier sera communiqué aux autorités québécoises, celui-ci sera gonflé de 4 points supplémentaires pour un total de 10. Encore envie de rouler vite?

Les gens font plus attention, ils respectent davantage les limites de vitesse, assure un habitué des longs trajets autoroutiers, alors qu'un autre soutient que l'appel de phares pour signaler un radar est une pratique en voie de disparition.

Pourtant, la réalité du marché automobile des dernières années apparaît en décalage par rapport à la réalité quotidienne des automobilistes. Rarement, en effet, auront été dévoilées autant de voitures au tempérament aussi sportif. Tenez, par exemple, ces bombinettes de plus de 200 chevaux et dont les accélérations vous enfoncent les omoplates dans le dossier de votre siège. Il ne s'agit pas d'automobiles prestigieuses, mais de versions survitaminées, certes chères, mais pas inaccessibles, car dérivées de modèles de grande diffusion. Au volant de ces autos parfois discrètes, mais dévolues à la conduite rapide - moteur puissant, pneus adhérents et suspensions raffermies -, on se dit que son permis de conduire ne tient qu'à un fil. Citons pêle-mêle dans ce groupe la Volkswagen GTi, la Ford Focus (et Fiesta) ST, la Mazdaspeed3 ou les Subaru WRX et STi.

Elles ne sont pas les seules à nous donner envie d'écraser l'accélérateur. L'irruption de ces modèles à contre-courant de l'incitation officielle à lever le pied pour des raisons de sécurité et d'économie de carburant fait désordre. D'ailleurs, ils sont plusieurs parmi nos lecteurs à les condamner ou à se moquer de ces voitures puissantes. C'est leur droit. Pour autant, il ne faut pas crier haro sur la sportivité. Ces autos ont été conçues de manière à ce que le freinage et la tenue de route soient au diapason des performances. En aucun temps la sécurité n'a été sacrifiée.

Prenez par exemple une Audi RS7, essayée la semaine dernière. Le constructeur allemand n'en écoulera tout au plus qu'une centaine d'unités au Canada au cours de la prochaine année. Sa présence au catalogue permet avant tout de donner du rêve et de mettre en valeur la gamme de la marque aux anneaux. Voilà essentiellement la raison d'être de cette auto. Et de nombreuses autres qui portent des sigles évocateurs (M, AMG, RS, Speed, IPL, Nismo, etc.).

Ce n'est pas la voiture qui est en cause, mais le comportement de certains conducteurs. Et ce, quelle que soit la nature du véhicule. Après tout, on peut aussi très bien se faire pincer pour excès de vitesse au volant d'une Nissan Versa.

Tous les constructeurs vous le diront: il y a une recrudescence des ventes des modèles les plus sportifs. Les voitures sont de plus en plus sûres grâce en particulier à des aides à la conduite (correcteur de stabilité électronique, antipatinage, vecteur de couple, roues antérieures directrices, etc.) plus affûtées encore. Quant aux amateurs de ces belles mécaniques, ils apprécient surtout de posséder un «bel objet», ne roulent pas forcément pied au plancher et plébiscitent le pilotage sur circuit que leur proposent notamment les marques, lequel permet de "piloter" dans un environnement sûr et contrôlé. Ce lieu doit demeurer leur unique terrain de jeu.