Même si on ne lui pose pas la question, le patron du groupe italien Fiat, Sergio Marchionne, aime à rappeler qu'il n'a aucune intention de vendre Alfa Romeo à Volkswagen. Pourtant, il devrait, avant qu'il ne soit trop tard.

Les alfistes, militants ou sympathisants, ne respirent plus. Cinq cents unités de la 4C, biplace à moteur central franchement appétissant, devraient annoncer le retour de la marque au biscione - le gros serpent entortillé autour du blason de la firme milanaise - d'ici la fin de l'année.

Nous sommes déjà en septembre et personne n'est en mesure de confirmer sa venue. Pire, personne au Canada ne semble savoir qui la distribuera. Va-t-elle prendre la pose chez les concessionnaires Chrysler/Fiat ou bien chez les concessionnaires Ferrari/Maserati? Ce n'est pas clair, mais dans les coulisses, on raconte qu'elle sera visible chez les dépositaires Chrysler/Fiat. Une autre promesse faite par Sergio Marchionne.

Il promet beaucoup, Sergio, mais jusqu'ici livre très peu. Manque d'argent, disent plusieurs observateurs européens. Voilà sans doute l'explication la plus plausible pour expliquer la gestion «à la petite semaine» de ce dirigeant italo-canadien. Mais en dépit de l'extraordinaire capital de sympathie dont jouit Alfa Romeo, celle-ci mérite un meilleur sort, donc une vision à plus long terme. Le groupe Fiat a-t-il les moyens de ses ambitions? Apparemment non. Le sort jusqu'ici réservé à Lancia, autre filiale du conglomérat italien, laisse craindre le pire. Lancia, marque centenaire, n'a certes pas la même aura, mais avait une belle histoire à raconter, elle aussi. Plus bourgeoise que Fiat, plus raffinée qu'Alfa Romeo, Lancia a toujours joué la carte de la «classe italienne» et de l'originalité mécanique. Les amateurs se souviennent avec nostalgie de la beauté des Aurelia et Flaminia - toutes deux dessinées par Pininfarina - ou encore des brillantes Stratos et Delta Integrale qui, au cours des années 70, ont fait briller la marque dans les rallyes. Que reste-t-il aujourd'hui de cette marque? Rien. Elle prête son nom à des Chrysler (200 Cabriolet, 300 et Town&Country) à peine maquillées.

Alors, si, faute de moyens, Sergio Marchionne ne peut redonner du lustre à Alfa Romeo, peut-être devrait-il l'offrir à un autre groupe automobile, en l'occurrence Volkswagen. Le président du conseil de surveillance du constructeur allemand, le tout-puissant Ferdinand Piëch, rêve de l'acquérir et ne s'en cache pas. «Alfa Romeo n'est pas à vendre», a martelé encore en janvier dernier le patron de Fiat au salon de Detroit. Chez Volkswagen, on estime que Sergio Marchionne pèche ici par orgueil. «Le temps joue en notre faveur [...]. Nous regardons précisément comment Fiat et Alfa se développent en Europe», avait déclaré Piëch lors d'une manifestation du groupe allemand au Mondial de Paris 2010. Trois ans se sont écoulés et hormis la 4C promise - mais toujours pas livrée -, rien de neuf pour Alfa Romeo. Celle-ci ne cesse de reporter la sortie de ses futurs modèles. Vous devriez songer à vendre, monsieur Marchionne.