La Classique d'automne disputée, il y a quelques jours, sur le circuit du Mont-Tremblant a marqué la fin du calendrier de la série Vintage.

Pas la peine d'égrener le peloton, ma Lancia numéro 576 ne figurait ni au départ ni à l'arrivée de cette compétition. En fait, elle est demeurée, toute la saison, dans un état embryonnaire dans l'attente de pièces essentielles à sa reconversion de timide biplace de tourisme en guerrière des pistes. Et guerrière, elle sera. Du moins, je l'espère, car sous les carrosseries délicieusement rétro des véhicules de la catégorie Vintage, se cachent des monstres de feu. On y trouve notamment une Triumph TR8 carrément hallucinante assaisonnée à la sauce IMSA (International Motor Sport Association), une étonnante Elva Coulier des Mustang à la pelle ou encore une agile Lotus Seven S4.

«On court pour le plaisir», de rappeler les organisateurs de la série, mais pas pour la figuration, me disais-je de mon poste d'observation à la Classique d'automne. Si la pluie est venue niveler les inégalités entre les voitures le samedi, les grosses cylindrées ont pris le large le dimanche sur le sec. Comment les rattraper, tout en respectant l'esprit du règlement? Voilà la question qui m'a trotté dans la tête tout l'été. Dois-je préparer une auto de «rue» pour la compétition ou une «vraie» voiture de course? Voilà mon dilemme.

L'année de construction de ma Lancia remonte à 1976. Donc, trop jeune pour se qualifier comme une vraie «Vintage», catégorie qui regroupe des véhicules assemblés ou conçus avant 1972. Certains organisateurs m'ont promis déjà de l'inscrire avec les autres véhicules de la Série Vintage pour «quelques courses». En clair : tant que ma Lancia ne remporte pas une épreuve, elle pourra se mêler aux autos des années 50, 60 et début 70.

Toutefois, si elle devait franchir la première le fil d'arrivée, elle serait aussitôt reclassée dans une autre catégorie (G70), beaucoup plus performante. Conséquemment, une partie du travail réalisé sera à refaire et cela implique d'autres dépenses. Pensez par exemple aux freins. Pour la période Vintage, ceux-ci doivent correspondre au système original. Sur la Lancia, cela représente un débours de 843 $ pour remettre tout cela en ordre. En optant pour un véritable dispositif de freinage de course (étriers à 4 pistons et disques surdimensionnés), il en coûte quelque 300 $ de plus.

Pourquoi me procurer le premier pour une série de «quelques courses», sachant très bien que je devrai disposer à très court terme du second? Idem pour la suspension. En Vintage, l'usage d'une suspension réglable est interdit (1600 $), pas dans la catégorie G70.

L'autre dilemme : où s'arrêter dans ces folles dépenses? Même si la catégorie des véhicules historiques (G70 compris) demeure l'une des plus accessibles financièrement, elle coûte cher. Outre l'achat du «bolide», sa reconstruction et l'ajout de certains éléments de sécurité (cage, extincteur, filet, etc.), il faut aussi calculer le coût de pièces plus performantes, de pneus (pour le sec et la pluie), de jantes, d'outils, d'une remorque, et quoi encore. Heureusement, il me reste encore tout l'hiver pour économiser et me répéter la règle première du Club Vintage du Québec : «Courir pour le plaisir.»