Charles, Denis, Pierre-Marc, Sébastien et Simon, en fait, toute l'équipe de l'Auto a aimé Rush, sauf moi. Pourquoi?

Rush, dernier film de l'Américain Ron Howard (Un homme d'exception, Le code Da Vinci, Anges et démons), retrace la rivalité entre James Hunt et Niki Lauda lors de la saison 1976 de Formule 1. Une bonne histoire, même si celle-ci a - Hollywood oblige - été romancée quelque peu. Voilà sans doute qui agacera quiconque a suivi de près (ou, comme moi, lu les documents d'archives) cette saison marquée par le terrible accident de Niki Lauda au Nürburgring.

À commencer par cette animosité entre Hunt et Lauda avant que ceux-ci n'accèdent à la Formule 1. Elle était bien réelle, sans l'ombre d'un doute, mais elle s'est rapidement effacée au point où les deux pilotes partageaient le même appartement en Angleterre...

Le film relate également - avec justesse - le côté baroque et plutôt excentrique de l'aventure Hesketh en Formule 1, mais ne dit pas toute la vérité sur la fin de cette aventure. Dans le film, Lord Hesketh évoque des problèmes financiers alors qu'en réalité, c'est sa famille qui lui coupait les vivres...

La saison 1976

Contrairement à ce que raconte le film, James Hunt n'était pas perçu comme un candidat sérieux au titre au début de l'année 1976. Hunt avait bien sûr signé quelques performances dignes d'intérêt l'année précédente au volant de la Hesketh, mais celles-ci étaient davantage à mettre au crédit de la pugnacité du pilote qu'à celui de sa mouture. D'autant plus que le pilote britannique n'a jamais eu la réputation d'être un fin metteur au point. D'ailleurs, à son arrivée chez McLaren en 1976, le gros du travail de mise au point de sa monoplace avait été réalisé par son prédécesseur, Emerson Fittipaldi.

On s'agace aussi, en regardant ce film, de certaines reconstitutions inexactes de certaines scènes de course. Comme cette fameuse épreuve disputée sur le Nürburgring. Rush laisse entendre que Lauda a été victime d'un bris mécanique, mais cela n'a jamais été prouvé. De plus, quatre pilotes se sont arrêtés lors de l'accident de Lauda, mais un seul - Arturo Merzario - a bravé les flammes pour l'extraire du cockpit. Le film n'en fait pas mention, pas plus que de la - froide - reconnaissance de Lauda envers le pilote italien lors de son retour en course. Dans une entrevue qu'il a accordée il y a quelque temps, Merzario, aujourd'hui âgé de 70 ans, raconte qu'au retour de Lauda au Grand Prix d'Italie, le pilote autrichien est venu à sa rencontre pour le remercier. " Il ne m'avait jamais parlé auparavant. Et après cette poignée de main, nous ne nous sommes plus jamais reparlé. »

La finale qui se déroulait au Grand Prix du Japon a été finement recréée jusqu'à ce que soit agité le drapeau à damier. Il est vrai qu'il régnait une certaine confusion au chapitre du classement, mais le film se garde bien de révéler le sale caractère de Hunt qui, à sa sortie de voiture, a failli imprimer son poing au visage de son directeur d'écurie - Teddy Mayer - pour lui avoir fait perdre sa chance d'être sacré champion du monde.

En dehors de ces quelques inexactitudes et raccourcis, ce film mérite tout de même 4 étoiles et une mention aux Oscars.