Avec l'industrie automobile, il faut parfois attendre de voir avant de croire. La preuve nous en a encore été donnée il y a quelques jours. Mazda a annoncé un autre report de la commercialisation de son moteur turbo diesel.

Il était initialement prévu pour l'automne 2013 avant d'être reporté la première fois au printemps 2014. Aujourd'hui, Mazda se garde bien de préciser à quel moment ce moteur va ronronner sur nos routes, se limitant seulement à dire que «plus de détails sur le programme, y compris le calendrier de lancement en Amérique du Nord, la fiche technique et les cotes de consommation de carburant seront communiqués à une date ultérieure [...]».

La nouvelle n'a pas fait grand bruit, tout le monde ayant les yeux tournés vers les salons de Detroit et de Montréal, mais elle illustre les difficultés qu'éprouvent parfois les constructeurs pour satisfaire aux exigences antipollution nord-américaines. Mais est-ce dû à ces normes dans ce cas-ci?

Dans un communiqué laconique, la filiale canadienne de Mazda rappelle que «bien que le moteur SKyActiv-D [suffixe pour identifier le diesel] soit conforme aux normes antipollution sans avoir recours à un système de post-traitement des NOx, Mazda a décidé de poursuivre son développement afin de garantir l'équilibre approprié entre la consommation de carburant et la performance de conduite digne de Mazda.»

Jusqu'ici, plusieurs journalistes automobiles nord-américains ont eu l'occasion d'étrenner ce nouveau moteur dans sa configuration européenne. Plutôt que d'émettre certaines réserves dans leurs commentaires du genre «cette mécanique a un fort potentiel, attendons de voir une fois qu'elle satisfera aux exigences américaines», certaines publications sont allées jusqu'à claironner que Mazda «venait de réinventer cette mécanique».

La barre est haute et cela doit forcément mettre énormément de pression sur les épaules de la marque puisqu'elle ne peut aujourd'hui prétendre que les normes américaines ont dénaturé son moteur.

Ce deuxième report pourrait également avoir des conséquences fâcheuses sur le positionnement de la marque sur le marché des moteurs diesel propres à prix «populaires». Mazda fondait beaucoup d'espoir sur ce moteur pour accroître la visibilité sur sa Mazda 6 et espérait aussi marquer un point contre Volkswagen en proposant en premier un multisegment compact (le CX-5) à motorisation diesel.

Sur ce point, rappelons que Mazda n'a jamais confirmé officiellement la venue de cette mécanique à bord du CX-5 en Amérique, mais reconnaît toutefois que ses concessionnaires canadiens exercent beaucoup de pression pour l'obtenir. En fait, tout le contraire des dépositaires américains qui ne voient pas de réels avantages à l'offrir.

Pendant ce temps, Volkswagen garde le cap. La marque allemande n'a jamais caché que la prochaine génération de Tiguan (sortie prévue en 2015) sera dotée d'un moteur TDi.

Et plutôt que le CX-5, Volkswagen risque de trouver Kia sur sa route. En effet, le constructeur sud-coréen laisse courir le bruit voulant l'homologation d'une mécanique semblable se poursuit dans le but d'en équiper le Sportage d'ici 2015. Si tel est le cas, Mazda devra se résoudre - si la mise au point est bien entendu complétée - à partager les feux des projecteurs.