La direction canadienne de Mitsubishi a profité du salon de Montréal pour sonder les visiteurs sur la G4, une Mirage habillée d'une carrosserie quatre portes des plus classiques. Le constructeur japonais cherche à savoir si ce modèle devrait ou non se retrouver à son catalogue.

À en juger par les commentaires recueillis, «la réponse a été très positive», a dit Patrick Renaud, directeur régional des ventes de Mitsubishi au Québec en entrevue à La Presse. Mais avant de rendre sa décision, Mitsubishi compte répéter le même exercice auprès des visiteurs des salons de Toronto (février) et de Vancouver (mars). La voudront-ils ou pas?

Mitsubishi ne l'admettra jamais ouvertement, mais l'opinion des Torontois et des Vancouvérois ne pèsera pas très lourd dans son processus décisionnel. Le Québec représente à lui seul plus de 40% des ventes de ce constructeur au pays et 50% du marché des sous-compactes. En d'autres mots, il faudrait que l'accueil réservé par les deux autres provinces soit très glacial pour que la firme aux trois diamants ne revienne sur sa décision de faire rouler ce véhicule sur nos routes.

Autonomie

Ce n'est pas tous les jours que le Québec (ou le Canada) est en mesure d'influer sur le marché automobile nord-américain. En fait, trop souvent, les Américains dictent si un véhicule sera commercialisé ou non de ce côté-ci de l'Atlantique ou du Pacifique.

L'initiative d'homologuer la G4 est canadienne. Pour une - rare - fois, les Américains n'ont rien à voir là-dedans. D'ailleurs, confirme M. Renaud, «on ne connaît pas les intentions de nos homologues américains au sujet de ce modèle.» De toute manière, cela n'a aucune importance pour Mitsubishi Canada, pas plus que cela en a une chez Nissan Canada. Cette dernière a également eu l'audace d'annoncer le retour de la Micra sans se soucier de ce que pensent ou font les Américains. Cela n'a rien de nouveau. L'Orlando (Chevrolet), la Rondo (Kia) et la Classe B (Mercedes-Benz), pour ne nommer que ces trois modèles, sont uniquement offerts. Pas aux États-Unis. Pouvons-nous rêver à plus d'autonomie dans les années à venir?

Un gros marché?

Le désir de Mitsubishi d'élargir sa gamme Mirage en ajoutant une berline conventionnelle peut néanmoins paraître curieux.

À la réflexion, la décision de Nissan d'importer la Micra - une sous-compacte elle aussi - l'est tout autant. Ce segment est-il à ce point florissant? Voyons voir! Une analyse sommaire des ventes enregistrées dans cette catégorie révèle qu'il s'est écoulé 45 066 unités au Québec l'année dernière. Par rapport à 2012, c'est le statu quo, à neuf unités près.

Si l'on s'arrête au seul nombre des unités vendues, on peut dire sans se tromper que ce marché en est un très important puisqu'il représente près du quart des immatriculations dans la Belle Province. En y regardant de plus près, on note plusieurs anomalies. En effet, par définition, une sous-compacte fait moins de 4 m de long. Alors si l'on s'en tient à cette référence, il s'est alors écoulé 18 944 «vraies» sous-compactes sur le marché québécois en 2014 et non 45 066.

Les meneuses de cette pseudo catégorie de petites voitures ne coûtent pas plus chers, mais elles offrent tout de même plus d'espace, plus de dégagement, plus de sécurité en cas d'impact et quoi encore. Pour toutes ces raisons et à prix égal, doit-on comprendre que les Québécois les préfèrent aux petits modèles?