Il y a un an, cette Lancia Scorpion n'était qu'une épave. Une belle épave, mais une épave quand même.

Ses tôles gonflées de résine masquaient si maladroitement les déformations causées par la rouille et le passage du temps que certains traits du dessin original de sa carrosserie avaient disparu. Son auteur, Pinifarina, n'aurait pas apprécié. Moi non plus, d'ailleurs. Voilà pourquoi elle est si mignonne, même si elle n'est pas encore peinte et décorée. Juste son toit en bulle - entièrement conçu en métal - suscite l'admiration des connaisseurs pour la qualité de sa réalisation.

Cette auto, qui devait initialement reprendre la route, va plutôt se diriger sur les circuits cet été. Aujourd'hui, devant toutes ces factures qui s'empilent sur mon bureau, je ne saurais dire si c'était une bonne idée. Ou la bonne voiture considérant sa rareté et le prix de ses pièces. La course automobile coûte cher, même si c'est pour le plaisir.

Outre la réfection et la solidification complètes du châssis, il faut prévoir un budget conséquent pour répondre aux normes les plus élémentaires. Une cage de sécurité, par exemple, n'a rien d'un montage artisanal de bouts de tuyaux. Sa construction nécessite une expertise certaine pour s'assurer qu'elle soit conforme à la réglementation.

Ensuite, il y a la mécanique. Rien n'interdit de réviser complètement le moteur, de changer les pistons, les arbres à cames, d'adopter un allumage électronique, un démarreur à réducteur. De l'alimenter aussi de carburateurs plus gourmands. À cela, il faut ajouter un radiateur plus performant, des amortisseurs flambants neufs (et des ressorts, un coup parti), sans oublier l'embrayage, les coussinets et les joints d'étanchéité.

La liste s'allonge, mes dernières économies s'envolent. Et la voiture n'a pas encore roulé. On a beau réunir toutes les pièces du puzzle, rien n'assure que celles-ci se révéleront fiables.

On casse le petit cochon

Aucune dépense superflue dans ce qui précède. C'est le minimum pour participer aux courses et éviter de passer le week-end dans les puits de ravitaillement ou, pire, encore en panne aux abords du circuit.

Ensuite, on a de plus en plus d'ambition. Toujours en quête de meilleures performances, on se procure les roues en alliage plus légères, les pneumatiques les plus adhérents et le pédalier qui facilite la pratique du talon-pointe. On est alors loin, mais très loin de l'épave du début, même si elle n'a guère plus de valeur. Qui souhaite acheter une voiture de course des années 70? Vous, peut-être, mais à quel prix?

Une fois la voiture terminée, les folles dépenses se poursuivent. Il y a les droits d'inscription à acquitter, l'achat de la combinaison, du casque, des gants et des chaussures. Il ne faut pas oublier non plus le transpondeur, lequel vous permettra d'enregistrer vos temps et la position du véhicule sur le circuit, un minimum d'outils, et il y a les frais de déplacement. Eh oui, il faut aussi une remorque et un camion. Dites, vous en avez un, pas cher?