La rumeur courait depuis un bon moment. Elle vient d'être confirmée, Mitsubishi cesse la production de son modèle le plus emblématique, l'EVO. Une auto qui, depuis 1992, séduit essentiellement les esthètes et connaisseurs. C'est du moins la conclusion qu'en tire aujourd'hui Mitsubishi, qui reconnaît que l'EVO lui a permis d'accumuler de la notoriété et de renvoyer une image avantageuse de son savoir-faire. Chose certaine, ce modèle laissera des marques indélébiles dans la mémoire de générations d'amoureux de voitures efficaces, voyantes et prodigues en sensations. Sans oublier les amateurs des rallyes. Eux aussi vont la regretter.

Le constructeur japonais a fait le («douloureux», dit-on à l'interne) bilan et, aussi emblématique soit-elle, l'EVO n'a rien de stratégique pour les ventes de Mitsubishi dans le monde, Canada compris. À cet effet, depuis ses débuts sur nos terres en février 2008 (seulement) 1700 unités de ce modèle hors du commun ont trouvé preneurs. En six ans, c'est peu. Chez Subaru, qui commercialise de son côté la STi, sa concurrente naturelle, les ventes, quoique légèrement supérieures, ne sont guère plus brillantes.

Après 10 générations de ce modèle - nous n'avons eu droit qu'à la dernière - Mitsubishi arrête les frais. Après tout, pense-t-on chez Mitsubishi (et ailleurs), ces petites autos nerveuses et pétaradantes s'inscrivent à contre-courant des valeurs montantes, celles qui font vendre des voitures. D'ailleurs, outre l'EVO, Mitsubishi met également un terme à l'aventure Raliart, antenne sportive du groupe qui se chargeait de pimenter certains modèles.

Contrairement à plusieurs autres marchés - plusieurs journalistes ont jusqu'ici relayé des informations américaines voire japonaises sans prendre la peine de vérifier auprès de leur distributeur local -, Mitsubishi Canada inscrira bel et bien une EVO à son catalogue 2015, sans préciser combien d'unités seront toutefois offertes. Considérant les ventes moyennes des dernières années, on peut avancer sans trop risquer de se tromper que tout au plus 300 seront offertes en concessions pour l'ultime tour de piste de ce modèle d'exception vendu à des prix (de 41 998 $ à 51 998 $) que d'aucuns jugent prohibitifs face à une concurrence plus jeune et tout aussi affutée.

Un nouvel allié: Renault-Nissan

Pour la marque aux trois diamants (symbole de Mitsubishi), le moment est venu de passer sa gamme au gant de crin. Désormais, ses futures créations s'articuleront autour de trois pôles: consommation (essence ou électrique), prix et garantie. La performance, la vitesse? Elles ne sont plus d'actualité. Le durcissement des règles impose, c'est un euphémisme, de les réprimer. En revanche, la réduction des émissions de CO2, discours dominant ces temps-ci, est devenue un élément de positionnement stratégique de nombreuses marques. Et Mitsubishi croit être en mesure de se démarquer dans ce domaine avec sa sous-compacte Mirage, introduite à la fin de l'année dernière et qui connaît un démarrage commercial prometteur, et la version hybride rechargeable (Plug-In) de l'Outlander, attendu, lui, au cours de 2015.

La disparition de l'EVO laisse par ailleurs présumer que le renouvellement de la Lancer est à nos portes. Une information que Mitsubishi ne veut ni confirmer ni infirmer. Pas plus que le positionnement d'un nouveau modèle issu d'un partenariat avec l'Alliance Renault-Nissan. Selon certaines indiscrétions, il s'agirait soit d'une intermédiaire appelée à prendre le relais de la Galant ou carrément de la prochaine Lancer. John Arnone, porte-parole de Mitsubishi Canada, ne souhaite pas «discuter des projets futurs de l'entreprise» (air connu), mais laisse entendre que «ces deux scénarios sont plausibles». Seule certitude, ce ne sera pas une Eclipse, autre flamme éteinte de la marque. Les temps changent!