À moins d'un revirement aussi inattendu que spectaculaire, il faudra s'acquitter d'un péage pour rouler sur le nouveau pont Champlain. Le gouvernement du Québec s'inquiète de cette décision qui, selon lui, risque d'engorger sévèrement les autres points de traversée de la Rive-Sud. Alors, pourquoi n'en impose-t-il pas un à son tour? Sur tous «ses» ponts bien sûr (et le tunnel évidemment), mais aussi sur d'autres axes routiers et ponts de la couronne nord, de l'est ou de l'ouest un coup parti? La question mérite d'être étudiée. Mais à une condition, bien sûr: que les sommes prélevées aillent directement à la construction de nouveaux axes et voies réservées; à la réfection et à l'entretien des routes actuelles; et au financement des transports en commun.

Pour ou contre?

Actuellement, la gratuité des routes est financée par les impôts et les taxes. Doit-on revoir le mode de financement du réseau routier en faisant appel non plus aux contribuables, mais aux usagers? Ces derniers estiment qu'ils financent déjà le réseau routier du moment qu'ils mettent de l'essence dans le réservoir ou qu'ils acquittent les frais imposés par la SAAQ (immatriculation et permis de conduire). Bon point, mais cela ne suffit pas si l'on en juge de l'état de la chaussée et des infrastructures.

Jusqu'à preuve du contraire, aucun des trois ordres de gouvernement n'a les moyens d'assurer l'entretien et le développement de nos routes. Alors, un réseau routier libre et gratuit dans le contexte actuel est-il toujours possible? Sans doute pas, mais plusieurs contribuables considèrent que la libre circulation est un droit fondamental et un puissant levier de développement économique. Pour eux, les péages sont des freins. Il s'agit aussi d'un facteur d'inégalité sociale qui favorise les mieux nantis au détriment de ceux qui le sont moins.

Alors, si le retour au péage devait se généraliser, souhaitons seulement que celui-ci ne se limite pas bêtement à recueillir des fonds et à étendre une généreuse (autant que possible) couche d'asphalte. Il devra également intégrer une politique globale sur la mobilité des biens et des personnes. Tout le monde y gagnerait.