(BILLET) - Le groupe Fiat, avec, à sa tête, Sergio Marchionne, s'apprête à effacer Lancia de son catalogue. Si le dirigeant italo-canadien affiche une affection toute particulière pour Alfa Romeo, il ressent visiblement beaucoup de mépris à l'égard de cette «autre» marque centenaire et ne lui fait jouer aucun rôle dans son plan annoncé il y a une dizaine de jours. Et pourquoi donc? Lancia ne possède-t-elle pas après tout un palmarès sportif aussi sinon plus prestigieux (et récent) qu'Alfa Romeo?

La planète automobile et ses fidèles se souviennent des nombreuses victoires que Lancia a acquises dans les années 70 et 80 en rallyes avec les mythiques Stratos, 037 et Delta Integrale, sans oublier ses succès remportés en prototypes sport. Même Gilles Villeneuve s'est illustré au volant d'une Monte Carlo groupe 5 d'usine à l'occasion du Tour d'Italie (Giro Italia) en 1979.

Mais Lancia, ce n'est pas que le sport. C'est aussi la technique. Son fondateur, Vincenzo Lancia, en était féru. D'ailleurs, certaines de ses créations étaient pour le moins avant-gardistes.

Prenez, par exemple, la Lambda de 1922 portée par un châssis monocoque, suspendue à des roues avant indépendantes et qui s'animait d'un moteur quatre cylindres en V. Et si un jeune homme ou une jeune femme fait peindre le capot de sa voiture en noir, sachez qu'il a sans doute puisé - sans le savoir cependant - son inspiration de la Lancia Fluvia des années 60.

Comme les marques américaines

Plus bourgeoise qu'une Fiat, plus raffinée qu'une Alfa Romeo, Lancia a toujours joué la carte de la «classe italienne». Et là réside sans doute son problème aujourd'hui. Le positionnement vaseux de Lancia au sein de la galaxie Fiat ressemble étrangement à celui d'Oldsmobile chez GM. Sensiblement la même histoire et vraisemblablement le même destin.

Les marques qui n'ont plus rien à dire ou encore qui n'ont pas su s'adapter au changement finissent inévitablement à la trappe. Hormis, bien sûr, Fiat. Sergio Marchionne avait le choix de relever Lancia ou Alfa Romeo. Le choix relève de l'évidence. L'image d'Alfa est claire, celle de Lancia jaunit.

Comme Oldsmobile, Mercury, Plymouth ou Pontiac, Lancia va mourir. Et même sur son site Facebook, le regroupement Si a Lancia No a Marchionne mobilise les amateurs pour relancer la marque. La semaine dernière, ils étaient 10 000 sympathisants. Assurément, aux yeux de Marchionne, c'est trop peu pour revenir sur sa décision. On coupe.