Chaque année, la période des vacances d'été relance la question: «Pourquoi n'avons-nous pas une fourgonnette?» Une question que les familles se poseront toutes après quelques heures passées sur la route dans un habitacle toujours trop petit, bourré d'objets, et des passagers qui se tirent les cheveux, réclament une pause ou, à tour de rôle, demandent «quand c'est qu'on arrive?»

Physiquement, elle n'a guère de charme, mais la beauté de la fourgonnette en est une intérieure. Dans ce domaine, on ne fait pas mieux, une véritable maison sur roues. On condamne un siège ou deux sous le plancher, on peut les faire pivoter parfois, on aménage selon ses goûts et ses besoins. La fourgonnette réserve une marge de liberté inespérée pour les enfants. Ils peuvent discrètement passer d'un siège à l'autre et conquérir cette précieuse autonomie qui tue dans l'oeuf les fratricides luttes territoriales. La cohabitation automobile confirme les observations des ethnologues: lorsque l'espace vital de chacun est respecté, l'agressivité disparaît et les moeurs s'adoucissent au sein de la tribu.

Position de conduite surélevée, vision panoramique exceptionnelle (pensez seulement aux petits hublots d'un avion), des écrans de télévision permettant d'écouter des films ou de brancher une console de jeu. Cette option est onéreuse, certes, mais les parents achètent la paix. Car les rois et reines de ce type de véhicule ne sont généralement pas plus hauts que trois pommes.

Il y a un rangement pour chaque chose. Pour la boîte de papiers-mouchoirs bien sûr, mais aussi pour y dissimuler ses «trésors». On retrouve également plus de porte-gobelets que de places assises. Certaines ont même un frigo pour garder bien au frais jus et boissons gazeuses. Son espace intérieur permet parfois - pas toujours - d'éliminer le coffre de toit, voire la remorque.

Fantasme de bien des vacanciers, la fourgonnette procure aussi beaucoup de plaisir aux consommateurs qui fréquentent régulièrement les centres de bricolage, de décoration ou les magasins-entrepôts. Et que dire des multiples services qu'elle rend aux sportifs? Skis, planches à voile, vélos trouvent tous une place à bord. Les nombreuses configurations de son habitacle permettent de tout ranger à la va-vite sans avoir à calculer.

La polyvalence de la fourgonnette demeure à ce jour inégalée, mais plus personne ne se bouscule aux portes des concessionnaires pour s'en procurer une. Au début des années 2000, ce segment représentait 1,4 million d'unités par année. Aujourd'hui, il a fondu de plus de la moitié et l'offre, tout autant. La poignée de constructeurs encore impliqués s'en réjouit et prétend faire de meilleures affaires - moins de concurrence -, et tous envisagent de renouveler leurs modèles existants. Heureux?