Quiconque aime conduire déteste entendre parler de la voiture à conduite autonome. Celle-ci pourtant progresse et plusieurs experts estiment que d'ici 2030, notre présence derrière le volant ne sera plus requise. En clair, la science-fiction, c'est fini. La voiture sans conducteur roule déjà. Comprenez par là que son lancement commercial est officiellement programmé par plusieurs constructeurs. Il n'empêche que cette prolifération semble un peu trop brusque pour être vraiment sincère. L'industrie automobile ne devait-elle pas s'attaquer à la pollution et mettre un terme définitif à notre dépendance au pétrole?

Même si l'industrie automobile ne veut pas l'admettre publiquement, la voiture autonome fait peur à certains parmi elle. Elle risque en effet de niveler les créations des constructeurs vers le bas. Si la voiture se conduit d'elle-même, comment apprécier pleinement son comportement et ses performances? En exagérant un peu, comment pourra-t-on faire la distinction demain entre les performances dynamiques d'une Ferrari 458 et d'une Ford Mustang? Sur ce sujet, certains constructeurs se montrent rassurants. Mercedes-Benz, qui a inauguré l'an dernier cette technologie à bord de sa Classe S, cherche à rassurer les amateurs de conduite en rappelant que cette avancée vise «à relayer le conducteur dans des situations fatigantes et sans intérêt, comme la conduite dans un embouteillage ou les longs parcours sur route monotone». Comme l'autoroute Jean-Lesage, par exemple. En d'autres mots, vous avez toujours le loisir de désactiver le pilote automatique.

Face à cette réserve - et ce n'est pas la seule -, qui n'est pas dénuée de sens, les défenseurs de la conduite autonome soulignent qu'il ne s'agit que d'une solution rêvée pour assurer notre sécurité. On estime aussi que l'auto sans conducteur aura des répercussions positives sur l'économie d'énergie.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, nos routes fauchent en moyenne la vie de 1,4 million de personnes par année. Et pourtant, nos autos n'ont jamais été aussi sûres, aussi solides et nous, aussi distraits... Les «gadgets» à bord se multiplient et l'automobiliste n'a jamais été aussi désintéressé et surtout, aussi «absent» derrière le volant. Aujourd'hui, combien de propriétaires de véhicules équipés d'un capteur d'angle mort ont le réflexe de vérifier d'eux-mêmes avant de s'engager dans une autre voie? Combien d'utilisateurs de véhicules à quatre roues motrices pensent encore qu'ils peuvent défier les lois de la gravité, y compris sur une surface à faible coefficient d'adhérence?

Même si elle a du sens, la voiture sans conducteur soulève plusieurs interrogations, notamment au sujet de la cohabitation inévitable entre véhicules avec et sans conducteur. Devra-t-on prévoir des corridors réservés pour l'auto autonome? Et les assurances? Qui sera responsable en cas de dysfonctionnement? Et comment les capteurs nécessaires pour que l'auto se conduise d'elle-même parviendront-ils à voir les lignes sur la chaussée - indispensable pour garder le cap - si celle-ci se trouve couverte de neige ou de gadoue? Beaucoup de questions, peu de réponses. Mais le constat est clair: la majorité des usagers de la route n'aime pas conduire. Pourquoi alors ne pas prendre un taxi ou, mieux encore, les transports en commun?