Quel intérêt y aurait-il à être propriétaire d'une voiture que l'on ne conduit pas (toujours)? Vous avez apparemment encore cinq ans pour répondre à cette question. En 2020, plusieurs constructeurs promettent en effet l'auto à conduite autonome. Volvo est de ceux-là. Le constructeur scandinave planche déjà sur ce projet et s'estime en mesure d'inviter, d'ici deux ans, 100 automobilistes à participer à sa mise au point avant de lancer une production en série.

Volvo, qui en a long à dire sur les accidents, estime que l'erreur humaine est à l'origine de 95% des accidents routiers. Et cette statistique devient carrément obscène si l'on tente d'imaginer combien de vies fauchées cela représente. Un chiffre? Selon l'Association for Safe International Road Travel, 3287 par jour.

Pour Volvo, pour qui la sécurité a toujours été au coeur des préoccupations, la cible est claire: «zéro mort et zéro blessé grave à bord d'une Volvo» à l'horizon 2020. Est-ce bien réaliste? Probablement pas dans la mesure où cet objectif ne sera atteint que le jour où nous ne serons plus derrière le volant. Mais avant d'en arriver là, la voiture à conduite autonome a plusieurs obstacles à surmonter, et pas forcément sur le plan technologique.

À qui la responsabilité?



En principe, la conception d'une voiture dotée d'une conduite autonome n'a rien de sorcier. La technologie de base existe déjà et consiste à faire communiquer entre eux différents dispositifs de sécurité (capteurs d'angles morts, régulateur de vitesse à contrôle variable, témoin de changements de voie, etc.), lesquels se trouvent sans doute déjà à bord de votre véhicule actuel. Mais la recette est plus complexe que cela. Certains «ingrédients» ont, encore aujourd'hui, plusieurs embûches à surmonter, à commencer par le climat. Le nôtre, tout particulièrement. Comment espérer qu'une auto se conduise d'elle-même si ses «yeux» sont bouchés par la gadoue, la neige ou la glace?

Un problème auquel l'ensemble de l'industrie tente de remédier. Sans prétendre détenir la solution, Volvo estime tout de même avoir une longueur d'avance dans ses recherches depuis la mise en service d'un nouveau centre d'essais: AstaZero. Inédit, ce nouveau complexe situé à Göteborg permet de construire des environnements uniques et adaptés à toutes les situations. On y retrouve aussi bien un environnement urbain qu'autoroutier. Des courbes ondulées, des carrefours, des terre-pleins, des fossés en bordure de route et même un orignal en styromousse. À ce centre où Volvo n'est que partenaire, on peut simuler des scénarios de circulation qui collent à la réalité.

Une cohabitation difficile



Parmi ces scénarios, le plus difficile à mettre en scène est la réaction des automobilistes - eux se trouvent toujours aux commandes de leur véhicule - devant un véhicule à conduite autonome. Comment cette dernière réagira-t-elle dans les embouteillages devant des automobilistes très (trop) insistants? Elle va tous les laisser passer pour éviter tout risque d'accident?

Volvo compte étudier tous les scénarios possibles, même les plus improbables. L'acceptation de la voiture autonome par les consommateurs, pense le constructeur suédois, passe par la confiance. Sans elle, cette technologie ne verra jamais le jour. Mais Volvo sait aussi qu'au-delà de l'acceptation du public et du défi technique que pose la voiture autonome, il y a l'aspect juridique. Où commence et où s'arrête la responsabilité d'un constructeur automobile dans une situation d'accident? Et combien de codes de la sécurité routière faudra-t-il amender pour autoriser la voiture à se conduire et à se garer (c'est l'autre lubie des constructeurs) d'elle-même? On imagine, les avocats vont se régaler.