On la disait condamnée avec l'avènement de la fourgonnette, mais elle a survécu. En Europe essentiellement, où le genre a toujours eu ses adeptes. En Amérique du Nord, le retour en forme de la familiale se fait attendre. Peut-être même n'aura-t-il jamais lieu, au grand dam des consommateurs québécois qui l'appréciaient tant.

La familiale retrouvera-t-elle ses couleurs ou non? Il y a une vingtaine d'années, tous les observateurs de la scène automobile nord-américaine en étaient convaincus. De toutes les tendances qui se dessinaient alors, le retour de la familiale semblait inéluctable. Des enquêtes menées par certains constructeurs automobiles indiquaient très clairement qu'un fort pourcentage de consommateurs étaient tentés d'accueillir une familiale dans leur entrée de garage. Surtout que celle-ci ne ressemblerait pas (ou très peu) à celle que nous avions connue dans les années 70, avec son bois plastifié. La familiale de demain allait être plus sportive et destinée à une clientèle - avec ou sans enfants - qui aime conduire et bouger. Les jeunes qui avaient usé leurs culottes courtes sur les banquettes de fourgonnettes étaient les premiers à lever la main.

Aujourd'hui, ces mêmes observateurs admettent qu'ils ont dû réviser leurs pronostics. Les multisegments ont fini par diluer la fonction utile de cette bonne vieille station wagon. Il est vrai que la familiale a mal négocié les années 80. Livrée au Cx (coefficient de traînée aérodynamique) tout-puissant et à l'uniformité du style, elle a perdu beaucoup de son cachet. Thème majeur du déplacement familial, elle a pâti ensuite de la concurrence de la fourgonnette, qui, un temps au moins, a signé une forme d'originalité. Victime de son succès, cette dernière se heurte aujourd'hui à son tour à la banalisation du concept.

Si la familiale ne s'est pas éteinte dans notre paysage automobile, nous devons une fière chandelle aux constructeurs européens de nous offrir ces Estate (Mercedes), V (Volvo), Touring (BMW) et Allroad (Audi), toutes des déclinaisons familiales de leurs berlines. Il faut pourtant se rendre à l'évidence, si la carrosserie d'une berline européenne est parfois regardée avec une once de mépris, le simple fait de passer à la carrosserie familiale dans le même modèle désamorce l'agressivité latente et les jalousies. Qui plus est, ces familiales permettent de s'afficher autrement, de mettre en valeur son esprit pratique.

Hélas, pour ceux qui n'ont pas les poches creuses, l'offre se limite à deux modèles: la Volkswagen Golf Sportwagon et la Subaru Outback. Toutes deux remportent un succès commercial étonnant, mais pas du tout contagieux. La concurrence préfère encore et pour longtemps, dit-on, donner formes et couleurs aux véhicules multisegments. Le retour de la familiale en Amérique du Nord, ce sera pour une autre fois...