Un étrier de frein qui régurgite l'huile qu'on lui injecte, une tringlerie de boîte de vitesse qui empiète sur les carburateurs, un différentiel autobloquant qui ne bloque pas. Que de problèmes, au cours de ces deux dernières années, pour assembler cette voiture de course! Ce projet, amorcé il y a deux ans maintenant, touche aujourd'hui à sa fin, mais quelle galère!

Bien entendu, l'idée de transformer au départ une Lancia Scorpion (née Montecarlo en Europe) représentait un défi de taille, une véritable gageure. Sans doute aurait-il été plus simple, pensez-vous, d'opter pour un véhicule de plus grande diffusion (seulement 1801 unités ont été écoulées en Amérique du Nord). Mais aurait-il était aussi original de réaliser le même exercice avec une Mustang ou une MGB? Non.

C'est à dessein que j'ai opté pour la Lancia. Après tout, y avait-il un autre véhicule lors de cette période - années 70 - à offrir des caractéristiques aussi intéressantes que celles-ci: moteur central, roues arrière motrices, poids contenu et prix raisonnable?

J'ai songé à la 914 de Porsche. Trop commune. La X1/9 de Fiat, alors? Trop étriquée pour mon gabarit.

La Scorpion représentait à mon avis le meilleur choix, d'autant plus que ce modèle a connu une remarquable carrière en course en sol européen, ouvrant ainsi la porte à plusieurs extravagances. Aussi, et contrairement aux idées reçues, il existe en Italie, en Angleterre et aux États-Unis plusieurs entreprises spécialisées offrant des pièces de remplacement ou de compétition. À la condition d'y mettre le prix, bien entendu. Voilà tout le problème: le budget. Impossible de le respecter, même avec la meilleure volonté du monde.

L'ennui n'a pas été véritablement de trouver les pièces, mais de faire les bons choix. Était-ce possible d'optimiser les composantes de ce véhicule sans compromettre la fiabilité ou encore dépenser des sommes folles? À l'origine, le moteur de cette Lancia produisait 81 chevaux à 5900 tr/mn. À la suite d'un traitement-choc, et ce, tout en respectant le règlement à la lettre, ce même moteur produit plus de 200 chevaux et tourne à 11 000 tr/mn. Les pistons, les arbres à cames sont issus maintenant de la compétition. L'échappement a pour sa part été redessiné et l'étagement de la boîte, resserré dans le but d'offrir de meilleures reprises et une vitesse de pointe plus élevée (249 km/h). Aucun élément n'a été négligé, mais le doute subsiste.

Sur papier, les performances s'annoncent incroyables, mais tant que l'auto ne roulera pas sur une piste, impossible de dire si elle sera compétitive ou non. Mais avant d'en arriver là, il reste encore beaucoup à faire. Il faut glisser le moteur dans la coque, le faire tourner un peu. Il faut aussi terminer l'intérieur, fixer le siège, les rétroviseurs, les portes et les pare-chocs. Il faut également faire le choix des pneumatiques. Asymétrique ou pas? Les avis des spécialistes consultés divergent sur ce point.

Enfin, il faut la «décorer», cette auto. À ce sujet, avez-vous des suggestions? Devrais-je reprendre une livrée existante de ce modèle (Martini ou Altialia) ou bien faire preuve de plus de créativité?

Enfin, il faut s'assurer surtout que le véhicule satisfera au contrôle technique des commissaires. Beaucoup à faire, mais très peu de temps. Cette Lancia doit prendre la piste dans 67 jours. À moins que....