Un coup de klaxon peut sauver une vie. Il peut aussi célébrer un heureux événement comme un mariage ou une victoire du Canadien en finale de la Coupe Stanley. Hélas, ces manifestations arrivent trop peu souvent.

Un coup de klaxon exprime aujourd'hui l'irritation, l'impatience au volant. Et cela irrite. Cela peut même rendre malade. La pollution sonore est un vrai fléau pour la santé publique. Elle figure parmi les trois principaux facteurs de morbidité liés à l'environnement, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Voilà pourquoi plusieurs villes dans le monde interdisent aujourd'hui l'usage de l'avertisseur sonore, à moins que son utilisation ne communique aux autres usagers de la route un danger imminent.

Le réseau routier montréalais doit donc être extrêmement dangereux tant on use (et abuse) du klaxon. Si l'automobiliste qui nous précède ne démarre pas en trombe dès que le feu passe au vert, on klaxonne. S'il ne parvient pas aussi à déborder le camion à ordures en empruntant le trottoir, on klaxonne aussi. Si des piétons ne traversent pas la rue assez rapidement, on klaxonne encore. C'est irritant. C'est agressant. C'est inutile.

D'ordinaire, l'intensité d'un avertisseur sonore sur un véhicule vendu en Amérique du Nord varie entre 94 et 95 décibels (dB). Au Québec, la Société de l'assurance automobile du Québec précise à l'intention des professionnels chargés de l'inspection technique des véhicules que son intensité sonore doit varier entre 82 et 102 dB sur une distance de 15 m. Considérant l'usage que certains en font, c'est beaucoup trop.

La circulation automobile est l'une des composantes les plus violentes de la pollution sonore de ces 20 dernières années. Évidemment, il existe des normes pour limiter le bruit des échappements. Des sanctions aussi. Pour le klaxon, rien ou si peu.

Chez nous, la réglementation existe - utilisation abusive, par exemple -, mais guère appliquée. On fait quoi? On incite les forces de l'ordre à l'appliquer systématiquement? Irréaliste. On interdit de klaxonner, à moins bien sûr de l'imminence d'un danger? Pas certain que la notion du danger est la même pour tout le monde. Ou bien on demande à l'industrie de l'automobile d'équiper sa production de ce second klaxon, au timbre plus discret, que l'on retrouve sur certains véhicules électriques ou hybrides actuellement sur le marché? Ou bien on élargit le répertoire sonore de cet avertisseur électromécanique? Techniquement faisable, mais à quoi bon. Avec l'avènement de la voiture à conduite autonome, cet avertisseur sonore sera complètement obsolète.

D'ici là, pour retrouver un semblant de quiétude dans la rue, peut-être qu'après avoir sensibilisé les Québécois à la sécurité routière, il est grand temps de les rappeler à l'ordre sur leurs comportements «sonores».