Sans remonter jusqu'à la Volkswagen Coccinelle, dont la carrière s'est étalée sur plusieurs décennies, il est désormais difficile de trouver des véhicules qui, plus de quatre ans après leur lancement, ont gardé la vigueur de leur prime jeunesse.

À part les modèles d'exception, rares par définition, tous les autres se démodent à une vitesse folle. À qui la faute? À leurs constructeurs, qui n'ont de cesse de démoder ce qu'ils viennent de créer pour susciter de nouvelles envies.

Cette politique du renouvellement des gammes à outrance a coûté extrêmement cher aux constructeurs japonais il y a une trentaine d'années. Quand Toyota, Nissan (Datsun), Honda et Mazda ont commencé à gagner des parts de marché, elles avaient alors peu d'arguments à faire valoir. La multiplicité des nouveautés a été pour eux un axe de développement: à peine lancé, un modèle était chassé par un autre, évidemment plus attrayant.

Une fois c'était un autoradio en série, une autre, le moteur rotatif, innovation rangée assez vite au rayon des souvenirs. Mais, en tout cas, il y avait toujours une bonne raison de craquer.

Les Japonais s'étaient inspirés des pratiques américaines de l'après-guerre à ceci près que General Motors, Ford et Chrysler se contentaient de replâtrer la carrosserie. Celle-ci changeait un peu, mais les dessous demeuraient les mêmes. Ce qui était bien moins coûteux. D'autant qu'ils n'avaient, à cette époque, qu'une seule plateforme en stock: une architecture à moteur avant et roues arrière motrices.

Les Japonais, eux, se sont lancés dans tous les créneaux à la fois, des minis aux coupés sportifs en passant par les compactes et les familiales. Avec tous les moteurs et boîtes de vitesse correspondants. Un gouffre à milliards.

L'histoire est un éternel recommencement. Aujourd'hui, c'est au tour des constructeurs sud-coréens de se faire du sang d'encre. Ils ont renouvelé à vitesse grand V leurs produits, sans attacher sans doute assez d'importance à le publiciser.

N'ont-ils pas appris des erreurs des autres? Encore aujourd'hui, combien savent que la fourgonnette Sedona de Kia a été renouvelée l'automne dernier?

Peu importe le pays d'origine du constructeur ou le segment de marché dans lequel il est inscrit, impossible d'y échapper: sans nouveautés, les ventes ne bondiront jamais. Et quand il lance un nouveau modèle, mieux vaut prévoir en produire un maximum d'emblée avant qu'il soit démodé. Ce qui implique des investissements massifs pour des périodes de plus en plus courtes. Tous les grands dirigeants de l'industrie demandent à leurs bureaux d'études de réduire la genèse de leurs futurs produits. Sachant que leur durée de vie sera réduite, elle aussi.

Jusqu'à un passé récent, ce côté éphémère ne concernait que les modèles marginaux, comme les coupés ou certains cabriolets.

Aujourd'hui, toutes les catégories sont touchées. La voiture papier-mouchoir est devenue une réalité, mais il n'est pas évident que toutes les marques aient les moyens de suivre la tendance, même si les plateformes communes ont permis d'abaisser le coût de revient. Mince consolation!