Depuis la Town Car - et le Navigator -, Lincoln n'a plus été en mesure d'imposer un seul véritable modèle haut de gamme. Cette marque bientôt centenaire a littéralement abandonné le terrain à Mercedes, BMW, Audi, voire Lexus. Et Ford, son propriétaire, a songé plus d'une fois à l'envoyer au cimetière.

Or, dans le paysage automobile moderne, la présence dans le segment du luxe est devenue nécessaire pour assurer durablement les profits d'un groupe et, surtout, asseoir sa réputation. Les performances et la fiabilité des autos de tous les jours se sont nivelées, et l'attrait d'une voiture se fonde de plus en plus sur la sacro-sainte image de marque, intimement liée à la présence dans la gamme d'un navire amiral, archétype du savoir-faire de l'entreprise. Voilà pourquoi Ford n'a pas jeté - encore - l'éponge.

Comme l'ensemble des constructeurs américains, Lincoln négocie mal le virage des années 80. Minés par un manque chronique de fiabilité et par un niveau de finition quelconque, ses modèles s'escriment maladroitement à ressembler à des voitures allemandes. Même le coupé Continental vendu à l'époque (avec un moteur turbodiesel signé BMW) ne parvient pas à convaincre, et il n'y a que chez les Américains les plus conservateurs que la marque garde une certaine aura.

Lincoln peine à retrouver son lustre d'antan, malgré le lancement, à la fin des années 90, de la LS, une berline aux performances flamboyantes - son architecture était la même que la Jaguar S-type - que seule appréciera une poignée d'esthètes. Il a fallu attendre l'arrivée de la MKX - renouvelée cette année - pour que la marque reprenne quelques couleurs. Et retrouve des perspectives. D'ailleurs, ses ventes sont, cette année, à la hausse, notamment grâce à la Chine, où Lincoln est aujourd'hui représentée. Rien encore pour inquiéter les ténors de la catégorie, mais c'est suffisamment encourageant pour inciter les dirigeants à persévérer.

La nouvelle MKZ



Au dernier salon de Los Angeles, la marque de prestige de la Ford Motor Company a révélé les formes nouvelles de sa berline MKZ. Cette dernière entend se distancier encore davantage de la Ford Fusion, modèle duquel elle dérive, et pas seulement sur le plan esthétique. Ainsi, ce modèle étrennera un moteur V6 de 3 litres suralimenté par deux turbocompresseurs (puissance estimée à 400 chevaux) et comportera en prime un rouage à quatre roues motrices et un dispositif électronique visant une répartition idéale du couple (torque vectoring) pour affronter avec plus de confiance les routes en lacet. Lincoln promet aussi le retour d'une appellation prestigieuse, la Continental. Cette dernière, présentée jusqu'ici sous la forme d'un concept, sera vraisemblablement dévoilée dans sa forme définitive le mois prochain à l'occasion du Salon automobile de Detroit. Ce modèle est appelé à prendre le relais de la berline MKS (dérivée de l'actuelle Volvo S80) au sein de la formation de ce constructeur.

La marque prévoit également relancer l'Aviator, un utilitaire autrefois étroitement dérivé de l'Explorer de Ford, ainsi qu'un autre modèle dont les dirigeants préfèrent ne pas discuter encore, si ce n'est pour dire «qu'il ne s'agira pas d'un modèle compact d'entrée de gamme et encore moins d'un véhicule à roues arrière motrices». Les paris sont ouverts, mais à Los Angeles, tous étaient unanimes à croire que Lincoln pourrait proposer un utilitaire de poche (d'un format identique aux Mercedes GLA et Audi Q3).