Impatiemment attendue par une armée d'aficionados et par tous ceux qui mesurent leur consommation d'essence à la petite cuillère, la légendaire Fiat 500 est finalement arrivée dans nos terres.

Ses débuts ont été fulgurants avec des ventes dépassant les espérances des gens de Chrysler qui sont responsables de sa commercialisation à la suite du mariage très médiatisé du constructeur américain avec la firme italienne. En quelques mois seulement, la version à arrière ouvrant s'est même permis de surpasser des noms aussi bien implantés que Yaris, Fit ou Cooper (889 ventes en avril pour la Toyota contre 433 pour la Honda et 357 pour la Mini). Et ce vent de popularité soufflera sans doute encore plus fort avec l'arrivée du modèle cabriolet, introduit la semaine dernière à New York.

Quelques jours avant, j'avais pris possession, à des fins d'essai, d'une 500 ordinaire qui, à sa décharge, n'était pas dans une condition susceptible de lui valoir un compte rendu très favorable. Le cabriolet a fort heureusement remis les pendules à l'heure, tant par sa condition impeccable que par le plaisir que l'on éprouve de se retrouver, cheveux au vent, dans une ambiance rétro éminemment sympathique. Le toit en toile qui s'empile vers l'arrière est adorable et très commode avec son mécanisme électrique qui permet de l'ouvrir partiellement ou au complet, même en roulant jusqu'à 80 km/h. Il est aussi parfaitement étanche au vent une fois fermé, une qualité qui n'est pas courante dans plusieurs cabrios. À demi ouvert toutefois, le bruit du vent devient assez élevé pour nuire à l'écoute de la radio, sauf que l'on a prévu une petite glissière qui permet d'abaisser le saute-vent et de retrouver un calme relatif. On n'a malheureusement pas su trouver une solution pour améliorer la visibilité arrière qui est tout à fait inexistante dans les environs immédiats de la voiture. Il faut apprendre à se servir des rétroviseurs et à être extrêmement prudent dans les manoeuvres de marche arrière. Lorsque le toit est fermé toutefois, la visibilité est meilleure que dans la plupart des décapotables grâce à une lunette arrière de même grandeur que dans le modèle à hayon. La 500 est ainsi faite, c'est-à-dire qu'elle procure beaucoup de plaisir tout en exigeant une petite dose d'indulgence.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

«Very cute» disait les Newyorkais en voyant surgir la Fiat 500. On ne peut qu'endosser leur propos.

En mal de puissance

Son moteur, à titre d'exemple, est tout à fait anémique et force la transmission automatique à 6 rapports à rétrograder à la moindre petite inclinaison de la route. Et nul besoin de vous dire que si la voiture est d'une agilité remarquable, la puissance est déficiente, ce qui met une petite gêne sur l'agrément de conduite. Imaginez un 0-100 km/h en 11,6 secondes, un temps qui ne s'était pas affiché sur mon chronomètre depuis des lunes en faisant l'essai d'une voiture de cette catégorie. Peu de gens toutefois porteront attention à ce chiffre et s'arrêteront davantage aux moyennes de consommation. En roulant autour de 110 km/h avec des pointes occasionnelles à 120, j'ai pu lire une moyenne de 6,2 litres aux 100 km sur autoroute. Ajoutez à cela un peu de ville et cette version moderne de l'un des icônes de l'histoire de l'automobile devrait se contenter d'environ 7,3 litres aux 100. Bien que satisfaisante, cette moyenne n'est pas un exploit et la technologie Multi Air brevetée par Fiat et présente sur le moteur de 1,4 litre et 101 chevaux de la Cinquecento ne semble pas avoir une grande incidence sur les résultats à la pompe.

Tous nos essais ont été réalisés avec la boîte automatique à 6 rapports et Chrysler n'ayant pu mettre à notre disposition la boîte manuelle à 5 rapports, il est impossible de supputer sur son rendement.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Une fois ouvert, le toit du cabriolet Fiat 500 se replie vers l'arrière; cela gêne considérablement la visibilité, mais n'ampute pas l'espace cargo.

Haute en couleur

On peut présumer que le côté ludique de cette citadine séduira une grande partie de la clientèle qui n'a peut-être pas connu sa devancière apparue au début des années 50. Petite, agile, coquette, elle cultive la note rétro en mimant le style de sa célèbre ancêtre. La couleur est indéniablement sa grande alliée comme l'illustre son tableau de bord qui épouse la même teinte que la carrosserie, ses sièges bicolores et toute une panoplie d'enjolivures amusantes. Quatorze couleurs extérieures, douze couleurs de sièges, cinq types de roues et trois couleurs de toit pour la version cabriolet mettent parfaitement en évidence l'importance du décor pour la Fiat 500. «C'est une voiture qui donne beaucoup de latitude de personnalisation pour le client» d'expliquer Stéphane Cloutier, responsable de la commercialisation de la Fiat 500 en Amérique.

Ce qui est plus important pour l'acheteur éventuel toutefois, c'est la belle qualité de la finition. Il s'agira de voir d'ici quelques années si les plastiques conserveront leur apparence de neuf. Déjà toutefois, on peut noter la trop forte résistance des poignées servant à débloquer le dossier des sièges afin d'accéder à l'arrière ou même à celles de réglage des dossiers ou de la hauteur du siège. L'élargissement des sièges pour le marché nord-américain rend aussi ces commandes difficiles d'accès. Quant à l'habitabilité, disons que ce n'est pas le point fort d'une telle voiture, bien que les documents de Fiat la présentent comme offrant plus d'espace intérieur que ses rivales. Encore faut-il y parvenir à cet «espace» et l'accès aux places arrière relève d'un numéro d'acrobatie sans aucune élégance. Quant au coffre à bagages, son volume est correct et il a l'avantage de ne pas être amputé par la capote lorsqu'elle est ouverte.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Quand on dit que la couleur est l'un des arguments clés de la Fiat 500, on en a ici la preuve. En tout, une palette de 14 couleurs est offerte.

Des prix alléchants

Aux yeux des acheteurs, ces micros voitures apparaissent plus vulnérables en cas d'accident. Voilà pourquoi la 500 bénéficie de sept coussins gonflables, d'un dispositif de stabilité et du contrôle de la traction. Dans le cabriolet, la structure a été considérablement renforcée, d'abord pour offrir une meilleure protection en cas de retournement et aussi pour éviter la trop fréquente apparition de bruits de caisse après quelques milliers de kilomètres. Bien que neuves, les voitures à l'essai ont fait preuve d'une bonne solidité à ce chapitre. L'avenir nous dira le reste.

Qu'elle soit mignonne ou non, une voiture a pour principale mission de vous transporter du point A au point B, tant il est vrai qu'une fois au volant, l'enveloppe extérieure nous est invisible. Malgré la faiblesse de son groupe propulseur, la Fiat 500 est plutôt plaisante à conduire, se faufilant avec beaucoup d'aisance dans la circulation tout en s'accrochant vaillamment au bitume dans les virages. L'absence de porte à faux aussi bien à l'avant qu'à l'arrière joue ici un rôle primordial. Qui plus est, j'ai trouvé que le confort était raisonnable, même à New York, qui doit partager avec Montréal la première place du palmarès des plus vilaines routes en Amérique. Le freinage est bref et la direction vive, ce qui est précisément ce que l'on exige d'eux.

Après avoir essayé ces deux Fiat 500, j'avoue nager en pleine ambivalence, partagée entre le plaisir des yeux et le désagrément de certaines caractéristiques énoncées plus haut. Je crois que c'est finalement son prix très réaliste qui va trancher le débat et permettre à Chrysler de faire un succès de cette voiture. Comment résister par exemple au seul cabriolet sur le marché à moins de 20 000$?

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le modèle à hayon de la Fiat 500 est proposé dans une fourchette de prix entre 15 000$ et 20 000$, un tarif très réjouissant.