Le modèle à succès de la gamme Cadillac, la populaire berline CTS, est fort probablement la voiture qui a le plus contribué à la renaissance de la marque de luxe de General Motors. Je n'ai jamais été très entiché de ses lignes anguleuses, mais comme le faisait remarquer l'ancien directeur général de GM, Bob Lutz, «les gens finiront pas s'y habituer». Et il avait raison puisque la CTS est devenue le grand succès de la gamme Cadillac.

On lui a adjoint l'an dernier une familiale 5 portes qui met du temps à s'imposer tandis que le millésime 2011 voit l'entrée en scène d'une CTS coupé 2 portes. C'est le modèle que j'ai essayé... en attendant de mettre la main sur la voiture de série la plus rapide en Amérique, la CTS-V. C'est à voir!

Sans les 550 chevaux de cette dernière, ce coupé Cadillac se débrouille quand même fort bien avec son V6 3,6 litres qui accepte sans sourciller de tourner à 7000 tr/min tout en affichant une puissance de 304 chevaux, exploitée préférablement par la boîte automatique à 6 rapports. Au rayon des mesures chiffrées, le 0-100 km/h est abattu en 7,2 secondes tandis que les reprises entre 80 et 115 km/h nécessitent 6,1 secondes. Rien pour écrire à chez vous comme on disait autrefois. Cela est attribuable, sans doute, au désir de Cadillac de creuser un fossé encore plus profond entre la version ordinaire et l'hyper rapide V.

Qui eut cru il y a seulement une quinzaine d'années que cette marque aux accents vieillots serait un jour en mesure de poser son emblème sur une berline sport d'une telle envergure. Mais revenons à notre coupé CTS qui, vu de profil, dégage une belle élégance. À l'arrière, ça se gâte un peu avec des angles vifs et droits qui créent un effet de massivité moins flatteur à l'oeil. Heureusement que la double sortie d'échappement au milieu du pare-chocs retient surtout l'attention.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le coupé Cadillac CTS lors d'une halte dans l'île d'Orléans.

Quelques désagréments

Les coupés ont la plupart du temps des portières très larges afin de faciliter l'accès aux places arrière. Avec le coupé CTS, il me semble que celles-ci sont particulièrement massives, lourdes et encombrantes quand vient le temps de manoeuvrer dans un stationnement parallèle. Un tel design se justifie plutôt mal toutefois dans la mesure où les passagers qui seront contraints de monter à l'arrière auront la crinière collée au pavillon.

Malgré une silhouette agréable et un certain agrément de conduite, cette Cadillac n'a pas de grandes prétentions sportives, pas plus qu'elle n'obtient la note de passage nécessaire à une voiture Grand Tourisme en matière de confort. La suspension a été raffermie, mais exagérément, ce qui se traduit par une fermeté que nos routes ravagées ont tendance à amplifier. Ces mêmes routes font aussi ressortir une caractéristique de la monte pneumatique, c'est-à-dire cette tendance de la voiture à suivre les anfractuosités du revêtement. Il s'en suit une sorte de louvoiement désagréable qui exige de la vigilance. Dans les pires cas, il faut corriger ces écarts de trajectoire par quelques coups de volant opportuns.

Quelques notes positives

Le comportement routier, dans son ensemble, est réjouissant avec un minimum de roulis et une forte résistance à l'entrée en action du système de stabilité ou du contrôle de la traction. Bien campé sur ses gros pneumatiques, le coupé CTS démontre une grande aisance dans les virages moyennement serrés. Ajoutons au bilan cette agréable sonorité du V6, un freinage à la hauteur et une direction sans histoire.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le dessin de la partie arrière du nouveau coupé CTS de Cadillac ne fait pas l'unanimité, certains le trouvant trop massif.

Bravo aussi pour la solidité de la caisse et le soin apporté à la finition. Je pense notamment au tableau de bord où le mariage de bois, de cuir et d'aluminium produit un bel effet.

Une plus grande attention à plusieurs détails aurait cependant permis de renchérir le bilan final du coupé CTS. On ne parlera jamais assez de la complexité de l'ordinateur de bord dont l'écran central est loin d'être facile à décoder. Le volant, si joli soit-il, masque en sa partie supérieure les basculeurs au tableau de bord. Une autre enfreinte à l'ergonomie est la petitesse des divers instruments, y compris la jauge à essence. En plus de places arrière peu généreuses, le coffre à bagages propose moins de 200 litres d'espace utile et la hauteur du seuil n'est pas de tout repos. Et Cadillac n'a pas fait preuve d'une grande générosité avec les espaces de rangement, rares et minces.

À peaufiner

En pensant à la populaire berline CTS, je m'attendais à retrouver dans le coupé les mêmes attributs portés à un niveau supérieur, ce qui n'est pas le cas. Au plan dynamique, les deux voitures sont proches parentes, mais la mutation d'une berline en coupé ne consiste pas seulement à lui retrancher deux portières. Un tel re-carrossage impose un certain nombre d'inconvénients qu'il faut, dans la mesure du possible, éliminer. Avec des pneus moins «suiveux» et de petites corrections ça et là, le coupé Cadillac CTS pourrait rouler dans les traces de la berline et y faire sa marque de façon aussi éclatante.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Volant et tableau de bord ont fière allure dans le coupé Cadillac CTS, sauf que l'ergonomie en souffre passablement.