Kia a le vent dans les voiles, rien n'est plus transparent. Après Hyundai, son leader, dont la Sonata a bousculé le marché des intermédiaires, voilà que Kia vient à son tour jeter un pavé dans la mare avec la nouvelle Optima qui, par rapport à sa devancière, la Magentis, monte sérieusement en grade. Construite sur la même chaîne de montage que la Sonata, on serait enclin à penser que les deux voitures sont de proches cousines. Loin de là!

D'accord, elles partagent la même plateforme et les mêmes organes mécaniques, mais par un savant exercice de réglages du châssis et des éléments suspenseurs, les ingénieurs de chez Kia ont réussi à faire de l'Optima une berline qui n'est pas une copie conforme de son instigatrice.

L'apparence est avant tout une question de goût, sauf que Kia a su dessiner une voiture possédant un style bien à elle qui reflète une orientation plus sportive. Le volant à lui seul, avec son gros pourtour, incite à une conduite plus dynamique. Sur les versions les mieux équipées comme la EX +, les jantes de 18 pouces à 7 rayons semblent provenir d'un prototype destiné à battre des records de vitesse tellement la recherche aérodynamique est flagrante. Malgré cette astuce attrape l'oeil, l'Optima n'est pas ce que l'on qualifie habituellement de voiture haute performance.

Des chevaux timides

Son moteur, en conduite paisible, est, au mieux, adéquat et les reprises génèrent plus de bruit que de réelle puissance. Heureusement, la version à moteur turbo se débrouille beaucoup mieux face au chronomètre, bien que la présence de 270 chevaux sous le capot ne soit pas évidente. Comme beaucoup d'autres équipements similaires, la transmission automatique à 6 rapports  marque un léger temps de réponse au moment de rétrograder, ce qui gêne un peu les accélérations. Une boîte manuelle fait partie de l'équipement de série de l'Optima, mais cette version ne s'est jamais pointé le bout du nez lors des deux présentations de la voiture.

Malgré les arguments très défendables des ingénieurs du groupe Hyundai/Kia pour justifier le choix d'un moteur 4 cylindres turbo en lieu et place d'un V6, il me semble qu'une voiture aussi bien née pourrait bénéficier d'un moteur de plus forte cylindrée qui mettrait davantage en valeur les remarquables qualités du châssis. Un V6 plus onctueux et plus vivace permettrait à l'Optima de hausser considérablement son agrément de conduite. Pendant une portion de notre essai sur l'ennuyeuse route reliant Key West à Homestead, l'ordinateur de bord a fixé la consommation à 8,2 litres aux 100 km, une moyenne.... dans la moyenne, pourrait-on dire.

Photo fournie par Kia Canada

Imposant, c'est le moins que l'on puisse dire en voyant ce profil de la Kia Optima.

Un comportement routier 5 étoiles

Ce plaidoyer pour un moteur V6 découle de l'essai sur piste que Kia avait organisé, sans doute pour compenser la monotonie du parcours vers le point le plus au sud des États-Unis. Pendant plus de 4 heures, les journalistes invités ont pu pousser à leur limite absolue une bonne douzaine demie douzaine d'Optima sur la piste intérieure du Miami Speedway, faisant ressortir une étonnante tenue de route pour une traction avant. Sauf dans l'épingle du circuit routier, le sous-virage était minimal et j'ai été agréablement surpris par l'absence quasi totale d'effet de couple dans le volant, même en forte accélération.

Le comportement routier reste bien au-dessus de la concurrence et l'insonorisation est particulièrement soignée. Cette qualité s'ajoute à une suspension qui encaisse sans broncher les routes en mauvais état. Un peu plus et l'on se croirait dans une Mercedes tellement le châssis est parfaitement au point. D'autant plus que dans la EX la mieux équipée et la plus chère (32 095 $), on trouvera un volant chauffant, des sièges climatisés, une caméra de recul, bref tout ce que l'on retrouve dans les voitures les plus chères sur le marché. Si ce prix vous met hors jeu, sachez qu'il existe 7 versions de ce modèle avec un prix d'accès à la gamme de 21 995 $  pour une LX raisonnablement équipée. Quelle que soit la version, la qualité de la finition impressionne et l'habitabilité est parfaitement satisfaisante.

Photo fournie par Kia Canada

Un intérieur soigné où l'ergonomie est respectée à la lettre.

Une fiabilité assurée

S'il arrive de se heurter la tête sur le pavillon en accédant aux places arrière dans la Sonata, le design de l'Optima échappe à cette critique. Le siège du passager avant est toujours un peu trop bas pour les gens de faible taille, mais un brin plus haut que celui de la Hyundai. Je ne comprends toujours pas toutefois que l'on se refuse, même sur une EX complètement équipée, à utiliser le même bouton de réglage à commande électrique que l'on trouve sur le siège du conducteur. Comme disait ma mère, voilà une «économie de bout de chandelle».

Précédée par une Sonata qui nous a véhiculés sans aucune faille tout au long du dernier hiver et pendant plus de 13 000 km, l'Optima de Kia possède déjà son certificat de fiabilité. La marque coréenne n'a pas fini de décourager une concurrence qui, il y a moins de 10 ans, affichait un sourire dédaigneux en voyant débarquer ces petites voitures à l'esthétique douteuse. Depuis ce temps toutefois, Kia a mis la main sur Peter Schreyer, un ancien designer d'Audi qui a rajeuni la plupart des modèles de la marque. Et depuis, ce sont les concessionnaires de la marque sud-coréenne qui rigole.

Photo fournie par Kia Canada

La Kia Optima, prête à faire belle impression sur le circuit de Homestead en Floride.