Quand vient le temps de faire l'acquisition d'un véhicule neuf, la grande majorité des acheteurs n'ont d'yeux que pour le prix de vente. On se préoccupe rarement de la valeur résiduelle (aussi appelée «valeur de rachat» ou «valeur de revente») de la voiture ou de l'utilitaire sport que l'on convoite.

Or, ce chiffre est de loin plus important que les autres, à moins que vous ne soyez décidé à conserver votre compagne routière jusqu'à son dernier souffle. On a beau faire plier l'échine au vendeur et lui arracher un prix mirobolant, si la voiture ne vaut pratiquement rien au bout de cinq ans, l'économie du début se sera rapidement évaporée. Bien sûr, cela n'élimine pas le besoin de marchander, car chaque tranche de 100$ que vous allez chercher dans les poches du vendeur se reflètera dans la valeur résiduelle. Ayant payé moins cher, la dépréciation du véhicule sera nécessairement moins grande.

Bien qu'il existe des façons et des outils pour estimer la valeur de reprise d'un véhicule, ces prix sont tellement sujets à fluctuation que l'aventure devient rapidement un jeu de hasard. Voici justement quelques exemples.

Défense de fumer

Votre belle voiture de luxe à forte consommation, achetée il y a cinq ans alors que l'on se préoccupait moins du prix de l'essence, n'aura certes pas la même valeur en ce début de 2011 que lors de l'acquisition en 2006, par exemple. Et l'inverse est vrai pour une petite voiture qui, elle, verra sa valeur de revente grimper parce que «tout le monde en veut» (souvenez-vous du phénomène Hygrade). Ce sont loin d'être les seuls facteurs. Ainsi, une voiture de fumeur imbibée d'odeur de tabac vaudra toujours moins cher qu'un modèle équivalent sans désagrément olfactif. Dans les carnets spécialisés (Red Book/Black Book), la valeur d'un tel véhicule pourra s'en ressentir. Même la couleur d'une voiture influe sur sa valeur de revente; une berline Mercedes jaune sera difficile à revendre tout comme une Ferrari grise. La réputation d'un constructeur a aussi un effet direct sur la valeur de reprise de ses produits. Il est certain que les avatars de Toyota en 2009 et 2010 ont été ressentis négativement sur le marché de l'occasion. Les marques devenues orphelines (Saturn, Pontiac, Oldsmobile, Plymouth, etc.) ont aussi encaissé un dur coup et une foule de modèles arborant ces emblèmes se sont fortement dévalués. Il en va de même pour les constructeurs dont la survie est toujours incertaine soit Saab et, dans une certaine mesure, Volvo, qui a abandonné son héritage suédois pour devenir une marque chinoise. Il peut être intéressant d'acheter une Saab 9-5 en ce moment, mais combien cette voiture vaudra-t-elle dans quatre ou cinq ans?

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Mazda RX8, réputée pour sa forte consommation, se classe parmi les voitures ayant une faible valeur résiduelle.

L'humeur du marché

Ce que ces indices négligent souvent toutefois, c'est l'humeur du marché. Il est renversant de constater comment certaines voitures de très grand prestige dégringolent rapidement dans l'échelle des valeurs. C'est d'ailleurs en me promenant parmi les voitures à vendre lors d'un encan, il y a quelques semaines à Ford Lauderdale, en Floride, que m'est venue l'idée de ce texte. J'ai été totalement stupéfait d'y voir une splendide Ross-Royce Phantom de 2005 payée environ 435 000$ qui allait s'envoler, selon les experts, pour approximativement 135 000$. Rien de mieux pour jouer les nouveaux riches, sauf qu'il faut être prêt à assumer les coûts d'assurance, d'entretien et de consommation et à posséder une autre voiture ne serait-ce que pour aller faire des courses au dépanneur du coin.

Évidemment, il s'agit d'un cas d'exception, mais à part les Ferrari dont la valeur de revente est l'une des meilleures sur le marché, il faut être au courant que presque toutes les voitures de sport très coûteuses voient leur valeur fondre comme neige au soleil. Les Maserati, Lamborghini ou Aston Martin de ce monde peuvent s'acheter à des prix fort accommodants quand elles ont trois ou quatre ans d'usure et, très souvent, un très bas kilométrage. Cela est attribuable en forte partie à la marge de profit considérable des concessionnaires de ces marques sur les modèles neufs. Si ce profit est de 30 000$ ou 40 000$, il va de soit que la valeur de l'auto chute du même montant dès que vous passez la porte du garage. Si l'on y ajoute un 10% comme frais d'administration, l'acheteur peut se retrouver avec une perte sèche de 60 000$ en l'espace de quelques jours si jamais Madame n'aime pas la nouvelle acquisition de Monsieur.

L'offre et la demande

Finalement, la valeur de revente n'est pas nécessairement la même au Québec que dans le reste du Canada ou aux États-Unis. Celle-ci est dictée principalement par le phénomène de l'offre et de la demande: une voiture très populaire crée une rareté dans le marché, ce qui fait monter les prix et l'inverse est aussi vrai.

Néanmoins, à la lumière des différents indices actuellement disponibles, on peut facilement dresser une liste des véhicules qui ont la plus mauvaise valeur de revente et de ceux qui ont la meilleure. Précisons que la moyenne de dépréciation après trois ans est de 45% du prix original.

Le tableau suivant montre les cinq modèles qui risquent de se déprécier au-delà de cette moyenne.

1- Ford Crown Victoria, 70%

3- Chevrolet Impala, 69,3%

4- Saturn Aura, 68%

5- ex aequo, Mazda RX8 67,5 % et Range Rover 67,5%

À l'opposé, les Toyota Prius, Honda Fit, Toyota Camry, Mazda 3 et Honda Civic se classent parmi les meilleures après trois ans d'usure.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Toyota Prius se classe en première place chez les voitures ayant la meilleure valeur résiduelle sur le marché de l'occasion.