Elle est bien loin l'époque où chaque constructeur automobile de prestige avait son malletier, son horloger, son ébéniste ou son propre tanneur. Évidemment, Rolls-Royce prétend toujours que les cuirs de ses voitures proviennent d'un même animal gardé toute sa vie dans un environnement dépourvu de barbelés ou de tout autre objet contondant pouvant abîmer les peaux. Comme dirait Yvon Deschamps, faudrait le voir pour le croire.

Pour ce qui est des métiers afférents aux coffres à bagages, aux montres de bord ou au bois, la grande faucheuse commerciale les a tous ensevelis.

Lors du récent Salon automobile de Los Angeles, il m'a suffi de m'entretenir avec Olivier le Friec, le responsable des relations publiques de Faurecia, le plus grand équipementier du monde, pour constater jusqu'à quel point nos voitures ne sont que partiellement fabriquées par la marque qui apparaît sur le capot avant ou ailleurs. Ces malles superbes habillés de bois ou de cuir qui trônaient sur le pare-chocs arrière ou de part et d'autre de la carrosserie ont depuis longtemps été remplacés par des coffres à bagages intégrés à la carrosserie. Et le plastique, tout autant que le faux bois, abonde dans les voitures d'aujourd'hui et ceci même dans des modèles de luxe. L'odeur particulière de «voiture neuve» qui plaisait tant aux acheteurs a elle aussi été enterrée par la modernité.

Magna, un concurrent

Pour revenir à Faurecia, il s'agit d'une multinationale spécialisée dans les pièces d'automobile au même titre que l'importante compagnie canadienne qu'est Magna. La première possède pas moins de 238 succursales réparties dans 33 pays et compte approximativement 75 000 employés. Par curiosité, Magna n'est pas en reste puisque l'entreprise canadienne est représentée par plus de 102 000 personnes travaillant dans les 26 pays où elle a pignon sur rue.

«C'est notre principal concurrent», de souligner Andreas Wlasak, vice-président rattaché au design industriel chez Faurecia. L'entreprise, basée à Nanterre en France, était présente à Los Angeles pour la première fois de son histoire de manière à mieux faire connaître ses diverses activités automobiles au public et soigner son image auprès des divers constructeurs et exposants.

En parcourant le kiosque de Faurecia, on pouvait aussi voir les différents sièges d'auto que la compagnie conçoit et construit pour diverses marques comme Volkswagen, BMW, Chevrolet, Audi, Chrysler et plusieurs autres.

Leur implication ne s'arrête pas à des accessoires et va même jusqu'à la fourniture d'importantes composantes de la carrosserie, dont toute la partie avant incluant la calandre, les phares, le pare-chocs et tout ce qui vient s'y rattacher (voir photo). De tels ensembles sont fabriqués pour Citröen, Renault  et Audi pour n'en nommer que quelques-uns. Pour la récente Passat assemblée aux États-Unis, Faurecia a élaboré un système d'échappement visant à mieux contrôler les émissions nocives et fournit également à son meilleur client (VW) les sièges, la planche de bord et le bloc avant de plusieurs de ses modèles. Pour la Golf, c'est un module acoustique qui a été mis au point tandis que le BMW X6 reçoit des sièges, un cockpit et des portières prêts à être installés. Bref, une voiture sur quatre roule actuellement avec des composantes en provenance de chez Faurecia.

L'équipementier possède son groupe d'ingénierie qui travaille à la mise au point de solutions plus écologiques, plus pratiques et plus sécuritaires pour les voitures que nous conduisons. Idem chez Magna qui a notamment reçu le mandat de réaliser le toit souple pliant qui équipe la récente Fiat 500 cabriolet. Porsche est aussi un client de Magna pour le toit de ses cabriolets, ses rétroviseurs alors que Mini y puise son affriolant tableau de bord.

Le groupe canadien livre aussi des systèmes d'aide à la conduite pour GM où le Chevrolet Equinox reçoit une vidéocaméra innovatrice combinant plusieurs fonctions, dont un avertisseur de changement de voie doublé d'un dispositif anticollision qui détecte la présence de piétons à l'avant du véhicule.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Faurecia fourni des sièges comme celui çi à plusieurs constructeurs automobile. Elle en assure aussi le design.

En fouillant davantage, on pourrait trouver tout un nombre de composantes de nos voitures qui ne proviennent pas du constructeur qui en fait l'utilisation. Cela pourrait comprendre les amortisseurs (Koni, Bilstein) aussi bien que les boîtes de vitesses (Allison, General Motors), les freins (Brembo) et même les moteurs tant il est vrai que le 12 cylindres qui se cache sous le capot de la Rolls-Royce Ghost provient en réalité de chez BMW.

En somme, êtes-vous sûr que votre auto a totalement été construite par la marque dont l'emblème se trouve sur le capot avant?

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Faurecia possède son groupe d'ingénierie qui s'affaire à mettre au point des solutions d'avenir pour ses clients. Ce cockpit en est un exemple.