Ressuscitée en 2001, la légendaire Mini a rouvert une page de l'histoire de l'automobile. Le modèle original, dévoilé pour sa part en 1959, fait partie de ces voitures qui ont profondément changé le cours des choses dans l'industrie automobile. Avec sa traction avant et son moteur transversal, le créateur de la Mini, le génial Alec Issigonis avait réussi à concevoir une 4 places d'un format étonnamment compact parfaitement adapté à la congestion européenne.

Celle-ci devint si populaire partout dans le monde que son appellation ne devait pas tarder à s'inscrire parmi les nouveaux mots du dictionnaire pour désigner un objet de faible dimension (ex.: minijupe, miniordinateur, minibar, minisérie, etc.). En recréant ce modèle en 2001, BMW (désormais aux commandes de la marque anglaise) a réussi un coup d'éclat. La Mini nouveau genre se limitait à un seul modèle, mais la famille allait vite s'agrandir avec les versions Cabriolet, Clubman (une minifamiliale), Countryman (petit multisegment) et pour 2012 un coupé et bientôt une Mini dont le moteur électrique lui permettra de se moquer des pétrolières. Et cette énumération ne tient pas compte des modèles S et John Cooper Works qui sont venus donner du tonus aux motorisations de base.



Mauvais départ

Cette extension de la gamme Mini fut sans conteste une réussite commerciale et quand c'est lucratif, la soif de profits de la grande industrie fait que l'on continue à enfoncer le clou encore plus profondément. Cela nous donne donc cette année deux nouveaux arrivants sur la scène automobile, la Mini Coupé qui fait l'objet de cet essai et une version décoiffée ou cabriolet qui fera son apparition pour la prochaine saison estivale. Cette dernière est presque une nécessité tellement le coupé adopte un haut de forme qui ressemble à une casquette posée à l'envers. Cette astuce de style est certes originale, bien qu'elle contribue à aplatir la voiture et à lui donner une allure incongrue. Mais, passons pour nous en tenir à remarques plus méthodiques.

Le coupé Cooper S ne fait pas partie de ces voitures pour lesquelles on éprouve un coup de foudre immédiat. C'est même plutôt le contraire. Je n'avais pas parcouru cinq kilomètres que j'avais déjà envie de retourner l'auto à son prêteur. Aussi bien le dire tout de suite, la Mini est un cauchemar en matière d'ergonomie. Rien n'est à l'endroit où l'on s'attend de le trouver. De surcroît, les poignées de porte exigent une force inhabituelle, la ceinture de sécurité se dérobe à la main chercheuse, le coffre ne se ferme qu'en brusquant le geste, la clef de contact s'insère mal dans son logement et la visibilité en biais vers l'arrière est à peu près nulle. Ouf, ça commence bien mal.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Le couvre-chef du nouveau coupé Mini ne ressemble-t-il pas à une casquette posée à l'envers?

C'est pas fini

Et, malheureusement, ce n'est pas tout. Avec le moteur suralimenté, la puissance plus élevée a un effet pernicieux sur le train avant et l'on y ressent un effet de couple qui nuit à la stabilité de la voiture en la faisant se déporter sur la droite. Pour en finir avec le bulletin de ce mauvais élève, précisons que les patrons de chez Mini auraient avantage à faire cadeau d'un tournevis à chacun des employés de ses chaînes d'assemblage afin de s'assurer que les boulons sont bien vissés et que les voitures sont dépourvues de cet assortiment de bruits de caisse que nos charmants nids de poules se font un plaisir de mettre en relief.

Aussi plaisante soit-elle à conduire, la Mini coupé n'échappe pas aux inconvénients de son empattement court. Avec des essieux aussi rapprochés, toutes les difformités du revêtement deviennent carrément insupportables.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Les divers éléments du tableau de bord de la Mini semblent disproportionnés par rapport au format de la voiture.

Le plaisir croît avec l'usage

Cela dit, le nouveau coupé Mini n'est pas entièrement démuni et l'endroit de la médaille est assaisonné des ingrédients qui lui confèrent un caractère résolument sportif. Ainsi, par sa tenue de route et ses performances, la voiture peut faire des pieds de nez à bien des sportives accomplies. Son agilité, héritée de son petit format,  n'a pas baissé d'un cran et permet de défier le trafic en se faufilant dans des espaces restreints. En virage, le cliché qui lui attribue la maniabilité d'un go-kart est toujours valable et le plaisir que l'on éprouve à conduire comme un défoncé contribue à une meilleure acceptation de la dureté des suspensions. Le plaisir est accru par un moteur qui ne manque ni de zeste, ni de puissance avec ses 181 chevaux issus d'un 4 cylindres turbo de 1,6 litre qui se marie parfaitement à la boîte de vitesses manuelle à 6 rapports. Avec son guidage précis, la transmission est un charme à manipuler. En exploitant pleinement chacun des premiers rapports, on inscrira une accélération de 7,2 secondes entre 0 et 100 km/h au tableau des caractéristiques de la Mini. Quelques dixièmes de plus suffiront à porter votre vitesse de 80 à 115 km/h.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

En version S, le coupé Mini propose 181 chevaux, ce qui se ressent dans le volant sur des pavés dégradés.

Puisqu'il est question de vitesse, on note qu'en raison de ses faibles dimensions, le coupé Mini donne toujours l'impression que l'on roule plus rapidement que la vitesse affichée. Celle-ci, en passant, vous est donnée deux fois plutôt qu'une, d'abord par l'immense cadran rond placé au centre du tableau de bord et ensuite dans la petite fenêtre située juste devant le conducteur, là où se situe également le compte-tours. Cela devrait aider à prévenir les contraventions qui ont tendance à s'accumuler avec une auto que l'on dirait faite pour rouler rapidement.

Que dire de plus sur le nouveau coupé Mini? Probablement que son appréciation est étroitement liée à l'âge du conducteur. C'est une voiture destinée à une clientèle jeune, sauf que les jeunes trouveront la facture de 36 000 $ assez salée. Les plus âgés, en quête d'une bouffée de jeunesse, y trouveront leur compte au même titre qu'au volant du petit roadster MX-5 de chez Mazda. Lequel choisir? Il vaudrait sans doute mieux attendre l'arrivée de la version découverte du coupé Mini avant de prendre sa décision.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

C'est à l'arrière que la ligne du nouveau coupé Mini suscite le plus d'ambivalence.