La ville qui héberge l'actuel Salon International de l'automobile aux États-Unis n'est pas belle à voir.

Autrefois, couronnée «capitale de l'automobile», Detroit ne cesse de s'enliser dans les statistiques négatives qui la verront devenir à plus ou moins brève échéance une ville fantôme, voire un cimetière de l'auto. C'est du moins ce qui ressort d'un ouvrage intitulé Lost Detroit, paru récemment et dans lequel l'un des deux jeunes auteurs publie la liste de ses «ruines préférées».

Les chiffres ne sont rien de moins que dramatiques: la ville compte présentement environ 80 000 terrains vacants, sa population, en baisse de 25% au cours de la dernière décennie, ne cesse de s'effriter et, pire encore, le prix moyen d'une maison s'établit à 6000$. Oui, vous avez bien lu, 6000$. Quel contraste avec l'opulence et les feux scintillants qui braquent leur lumière sur les centaines de voitures qui trônent dans le Cobo Hall, où se déroulera jusqu'à dimanche prochain le salon International de l'automobile! Le revers de la médaille est loin d'être brillant et personne n'oserait marcher jusqu'à son hôtel la nuit venue.

Pourtant, plus de 6000 journalistes viennent bon an mal an faire acte de présence à Detroit. Dans la limousine qui nous ramenait à l'hôtel, un journaliste polonais ne cessait de s'étonner de la dévastation qui l'entourait. Il est dix heures du soir et il n'y a pas un chat dans les rues:  «On dirait une ville morte» de souligner notre collègue.

Retour à la raison

Si l'on s'en tient seulement au Salon, le thème de cette année aurait très bien pu être «le retour à la raison». Je n'étais pas arrivé depuis une heure que j'avais entendu au moins 200 fois les mots «fuel economy». Partout, les moteurs 4 cylindres, turbo ou pas, sont à l'affiche et chaque constructeur prétend offrir la plus faible consommation d'essence. Bien sûr, les hybrides rechargeables ou pas ont la cote tandis que la voiture électrique fait ses premiers pas à peu près partout.

Même Cadillac entre dans la danse avec le dévoilement d'une nouvelle compacte, l'ATS, qui se contente d'un 4 cylindres tout en offrant pour la première fois dans l'histoire de la marque, une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports. Elle est heureusement moins déficiente que son ancêtre, la Cimarron, une Chevrolet à peine maquillée.

S'il fallait choisir le constructeur qui a volé la vedette à Detroit cette année, ce serait certainement Ford dont la Fusion redessinée a fait belle impression alors que la Lincoln MKZ prévue pour 2013 a doublé la mise.

Chez Chrysler, l'alliance avec Fiat n'est pas un sens unique. Après la petite 500 et une Alfa Romeo maladroitement rebaptisée Dodge Dart, voici que Jeep (propriété de Chrysler) renvoie la balle en Italie avec un VUS qui s'animera d'un moteur Maserati, lui-même emprunté à Ferrari, le porte-étendard du groupe Fiat.

Si le sourire avait remplacé la mine patibulaire qu'affichaient les grands prêtres de l'industrie automobile ces dernières années à l'intérieur du Cobo Hall, la remontée de Detroit sera longue et ardue. La belle époque où la vente de 15 millions de véhicules par année en Amérique était monnaie courante n'est pas encore revenue et il faudra trimer dur pour retrouver la prospérité des années fastes.

Quant à la ville de Detroit, elle glisse lentement, mais sûrement vers l'abîme et  son avenir nous paraît très hypothétique.

Photo AFP

Ford s'est particulièrement distinguée à Detroit avec, entre autres, une nouvelle Fusion.