Le premier réseau public de recharge pour véhicules électriques en Amérique Nord sera en exploitation dans les agglomérations de Montréal et de Québec au mois de mars. Il ne manque plus que les automobilistes.

Hydro-Québec a profité hier de l'ouverture du Salon automobile de Montréal pour présenter son réseau.

Les quelque 300 premiers propriétaires québécois de véhicules électriques pourront utiliser au printemps l'une des 90 bornes installées dans les stationnements de 50 établissements et installations de l'Agence métropolitaine de transport, Rona, Rôtisserie St-Hubert et Metro. Trente bornes de plus seront installées l'été prochain.

La Californie et le Texas sont les premiers États à posséder un réseau plus ou moins comparable, mais il s'agit de réseaux privés. Le «circuit électrique» d'Hydro-Québec est une première. «On voulait assumer un rôle de leadership», explique Pierre-Luc Desgagné, directeur principal, Planification stratégique, au sein de la société d'État.

«Ce qui est une première, c'est qu'il s'agit d'un réseau public. On fait le pari que les gens vont se tourner vers un carburant vert. Hydro-Québec ajoute un élément à son portefeuille de services. Elle fournit du carburant propre», ajoute-t-il.

Dans un contexte où les premiers véhicules électriques sont vendus et distribués au compte-gouttes et dans lequel, à titre de comparaison, les ventes de véhicules hybrides ont été mauvaises l'an dernier au Canada, ce pari est osé. Les consommateurs sont encore frileux à l'égard de cette technologie, essentiellement en raison de la faible autonomie des véhicules et de leur coût.

«On va s'adapter au rythme de pénétration de la voiture électrique sur le marché», argumente Pierre-Luc Desgagné.

Prudence

Les consommateurs ne sont pas les seuls à être prudents vis-à-vis de la voiture électrique. Les partenaires du projet également. Les Rôtisseries St-Hubert testent actuellement deux Mitsubishi i-Miev en tant que véhicule de livraison. «Est-ce que l'on aura un parc de véhicules électriques? C'est une autre histoire. C'est en les utilisant que l'on peut voir et les coûts, et la possibilité de livrer avec ces véhicules», précise Josée Vaillancourt, conseillère principale aux communications.

En tant que partenaire, l'entreprise s'est associée à ce réseau en déboursant 10 000$ par borne de recharge, achat, installation et raccordement au réseau compris. Les 20 bornes sont installées près de 20 restaurants «dans le but de satisfaire une partie de notre clientèle», affirme Josée Vaillancourt.

La motivation est la même chez Metro. Et le jeu semble en valoir la chandelle. «C'est un service de plus qui va fidéliser nos clients. Et cela va contribuer à l'essor des véhicules électriques au Québec de par la recharge», commente sa directrice des Affaires corporatives, Marie-Claude Bacon.

Les automobilistes concernés pourront recharger leur véhicule sur des bornes de 240 volts. Une fois testées en laboratoire et essayées l'été prochain, les bornes de plus de 400 volts seront vraisemblablement disponibles à la fin de l'année. Celles-ci permettront de recharger une voiture à 80% en 30 minutes. D'ici là, une recharge sur 240 volts le temps d'une heure au magasin du coin permettra d'obtenir en moyenne 25 km de plus d'autonomie.

Hydro-Québec estime être «compétitive» en matière de tarification. La recharge est à un coût forfaitaire de 2,50$, peu importe la durée de celle-ci. Les utilisateurs bénéficient d'un service d'assistance téléphonique, peuvent se référer à une application iPhone et, surtout, obtenir une carte d'abonné auprès d'un concessionnaire et d'un magasin du réseau ou sur le site web du circuit électrique.

Ces bornes installées à Montréal et à Québec représentent la première phase d'un réseau appelé à devenir tentaculaire dans la province.

Il ne manque plus que les automobilistes.