Progressivement, les constructeurs automobiles de luxe, y compris par filiales interposées, glissent du statut de marque spécialiste et élitiste vers celui de constructeur centré sur le haut de gamme, mais à vocation généraliste. Les derniers salons de Los Angeles et de Tokyo l'ont démontré: le cap est mis sur les petits multisegments.

La fringale de croissance des marques de luxe ne s'arrêtera donc jamais. Celles-ci quittent progressivement leur pré carré - où les concurrents étaient bien connus - pour se frotter à des marques moins huppées, mais disposant d'une solide expérience et de prix de revient plus avantageux.

Au cours de la prochaine année, les firmes spécialistes vont singulièrement élargir la palette de leur gamme en y ajoutant des multisegments (un croisement entre une auto et un camion) plus compacts. C'est donc dire que, dans les mois qui viennent, le consommateur aura le loisir de choisir entre un Kia Sportage EX (37 395$) ou un Mercedes GLA, un Ford Escape Titanium AWD (36 414$) et un Lincoln MKC, ou encore entre un Audi Q3 et un Subaru Forester 2.0 XT Limited (37 995$).

Les tarifs s'annoncent attrayants, mais la pratique fort peu élégante consistant à imposer une gigantesque liste d'options et à les faire payer au prix fort demeurera sans doute une tradition bien ancrée. Par conséquent, on imagine sans peine que l'offre des «grandes marques» ne sera pas aussi alléchante qu'elle n'y paraît, mais elle n'est pas plus chère que les mieux habillés des Honda CR-V ou Toyota RAV4. Et même si ces deux concurrents ont toujours l'avantage d'offrir une dotation plus riche en accessoires, ils n'arborent pas un blason aussi prestigieux.

Élargir son répertoire

En s'invitant sur des territoires défrichés par les Chevrolet, Honda, Hyundai et Toyota de ce monde, les marques de luxe brisent définitivement leur carcan de spécialistes. Plus que jamais, «l'élite automobile» ne s'impose aucun tabou et se lance à la conquête du moindre segment de marché, pourvu qu'il offre une rentabilité suffisante.

On le devine, ces multisegments compacts s'adresseront à ceux et celles que l'idée même de rouler carrosse n'a jamais effleurés. Car les marques automobiles de luxe sont prévenantes. Elles savent qu'imperceptiblement, la part de marché des voitures traditionnelles de prestige se contracte. Tous les orfèvres, de Porsche à Jaguar, ont compris que les gens fortunés commencent à préférer des véhicules moins imposants. Il faut donc diversifier la gamme pour élargir la clientèle.





BMW X1

Le doyen

Il y a bientôt trois ans, BMW a été la première à s'avancer sur le terrain des multisegments compacts de luxe au pays avec le X1. Le succès ne s'est pas fait attendre et l'année dernière, par exemple, les ventes de X1 au Québec ont dépassé celles du X3. Mais le X1 prend de l'âge - il a commencé sa carrière en Europe en 2009 -, et BMW a cessé de le développer. Et pour cause, puisque la marque munichoise termine actuellement la mise au point de la seconde génération qui, dit-on, sera plus compacte et basée cette fois sur la même architecture que la Mini Countryman.

Audi Q3

Elle viendra

Audi n'a toujours pas confirmé officiellement la venue du Q3 au Canada, mais il viendra. Le processus d'homologation est en cours, et les premières unités seront visibles dans les concessions à compter de l'automne 2014. Sa présence sur le marché canadien est motivée par la disparition de la version 5 portes de la A3. Cette dernière s'habillera à compter du printemps d'une carrosserie tricorps plus classique pour se décliner ensuite en cabriolet. Pour l'heure, la Q3 canadienne s'animera du moteur quatre cylindres 2 L suralimenté par turbocompresseur. Ce dernier sera jumelé uniquement à une boîte automatique.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

L'Audi Q3. 

Lincoln MKC

Cousu de fil d'or

La renaissance de Lincoln passe par ce modèle: le MKC. Les mauvaises langues diront qu'il s'agit d'un Ford Escape cousu d'or. Naturellement, les concepteurs de ce multisegment réfutent cette allégation en rappelant que si plusieurs composantes sont similaires, la plateforme du MKC diffère à plusieurs points de vue. Ainsi, les voies sont plus larges, et le centre de gravité a été abaissé. De plus, Lincoln étrenne en exclusivité (pour combien de temps?) un nouveau moteur issu de la famille Ecoboost. D'une cylindrée de 2,3 L, ce bloc essence dont la puissance est estimée à 275 chevaux sera offert moyennant supplément. En entrée de gamme, l'acheteur aura droit au 2 L turbocompressé de l'Escape...

Photo fournie par Lincoln

Le Lincoln MKC 2015. 

Mercedes GLA

Plateforme commune

Attendu dans les salles d'exposition à l'automne 2014, le GLA de Mercedes repose sur la même architecture technique que les actuelles Classe B et CLA. Ces dernières partagent également le même moteur (2 L suralimenté), la même boîte de vitesse (semi-automatique à sept rapports). Il est encore trop tôt pour confirmer si la filiale canadienne de Mercedes calquera sa stratégie sur son homologue américaine pour offrir à l'acheteur du GLA le choix entre deux modes d'entraînement: traction ou intégral (4Matic).

Photo fournie par Mercedes-Benz

Le Mercedes-Benz GLA.

Lexus LF-NX concept

Pas de fumée sans feu

Cette étude déposée sur une plateforme de Toyota RAV4 connaîtra les joies de la production en série. Présenté initialement au salon de Francfort en septembre dernier avec une motorisation hybride, le LX NF Concept a refait surface à l'exposition de Tokyo il y a quelques jours, mais cette fois, avec un moteur à essence suralimenté par turbocompresseur. D'une cylindrée de 2 L, cette mécanique est appelée à se généraliser sur l'ensemble des véhicules conçus par le numéro un de l'automobile japonaise. Lexus sera vraisemblablement la première à l'étrenner. La mise en chantier de ce modèle devrait commencer l'année prochaine et vise les acheteurs de Acura RDX, Audi Q5 et BMW X3.

Photo fournie par Lexus

Le Lexus LF-NX. 

Porsche Macan

Le petit frère

Soyez prévenus, il n'y en aura pas pour tout le monde. Porsche ne pourra en effet produire annuellement plus de 50 000 Macan, puisque ce dernier partage la même chaîne de montage que son «grand frère», le Cayenne. Mais la direction du constructeur se voulait rassurante lors du lancement médiatique de ce modèle en assurant «qu'elle a des solutions pour augmenter la cadence de production si la demande l'exige». Rassurés? Au pays, Porsche ne commercialisera que les versions essence de ce modèle alors que la déclinaison diesel est réservée à l'Europe. Pour masquer ses origines - il dérive du Audi Q5 -, le Macan adopte des éléments suspenseurs spécifiques, des mécaniques revues par ses soins (un V6 de 3 L et un 3,6 L) et un rouage à quatre roues motrices et une boîte à double embrayage PDK.

Photo fournie par Porsche

Le Porsche Macan.