Après plusieurs années de vaches maigres, le salon de Detroit a ouvert ses portes lundi avec un moral au zénith, tant la croissance du secteur automobile américain semble repartie de plus belle.

Sous de faibles chutes de neige, des milliers d'exposants et de journalistes ont commencé à affluer dès avant l'aube vers le «Cobo Center» au centre de la métropole du Michigan, pour des dizaines de premières mondiales.

Oubliée la crise de 2008 et son cortège de faillites, de fermetures d'usines et de stocks bradés: pour les «trois grands» constructeurs du fief historique de l'automobile comme pour les marques étrangères qui se disputent le juteux marché américain, les lendemains paraissent voués à chanter.

Cette euphorie se fera sentir sur les stands, où la part belle est donnée à des modèles massifs, comme les 4x4 ou les camionnettes, ou des voitures surpuissantes, même si les autos «vertes» sont aussi de la partie.

L'année 2014 s'est achevée sur une vigoureuse hausse des ventes (+5,8%), les 16,5 millions d'unités écoulées effaçant les effets de la crise née des crédits «subprime» il y a plus de six ans.

Dans un pays où la consommation joue un rôle clé sur la croissance, la baisse continuelle du chômage (5,6% de la population active) laisse espérer une embellie durable. Le consensus des industriels et des analystes s'établit à près de 17 millions de voitures écoulées en 2015, du jamais vu depuis 2001.

«Toute amélioration dans le marché du travail est bénéfique au secteur automobile. Ceux qui ont des revenus élevés vont acheter des voitures neuves, et les ménages plus modestes s'intéressent à l'occasion», explique Tom Webb, responsable des analyses économiques chez Kelley Blue Book, alors que 2014 a vu la création de près de trois millions d'emplois.

Grâce à la baisse spectaculaire du prix de l'essence à la pompe, les Américains ont aussi pu goûter sans entraves aux camionnettes à plateau, qui représentent 55% des voitures vendues, un segment où règnent les américains Ford, General Motors (GM) et Fiat Chrysler (FCA) dont la marque Ram a le vent en poupe.

4x4 et voitures musclées

Deux Japonais sont décidés à prendre toute leur part de ce gâteau: Toyota va présenter à Detroit la nouvelle mouture de sa camionnette intermédiaire Tacoma, tandis que Nissan y révèle un gros Titan revu de fond en comble, assorti d'un moteur diesel.

L'optimisme ambiant est aussi favorable aux voitures de luxe et de sport, et c'est à Detroit que Honda va présenter sa nouvelle NSX, 25 ans après la première «supervoiture» japonaise.

Stand musclé en vue aussi chez Ford, le seul des «Big Three» à avoir traversé la crise sans se mettre en faillite: une nouvelle sportive GT, héritière des mythiques GT40, une version encore plus puissante du coupé Mustang, et même une division tout entière consacrée aux véhicules de sport.

GM, qui ne sera pas en reste avec de puissantes Cadillac, jouera aussi sur le terrain «vert» puisqu'elle présentera la nouvelle mouture de sa voiture hybride Chevrolet Volt. En outre, elle va montrer un prototype de multisegment 100% électrique baptisé «Bolt», doté d'une autonomie de 320 km et censé répliquer à la future descente en gamme de Tesla.

Sa division Buick a aussi affiché son optimisme en montrant dès dimanche son concept de berline élancée «Avenir» et son premier cabriolet depuis 25 ans, la «Cascada» décalquée d'une Opel européenne.

Nissan, leader des ventes de voitures électriques aux États-Unis promet quant à lui de présenter une batterie qui changerait, assure-t-il, la donne pour les voitures électriques, dont l'autonomie limitée reste un handicap.

C'est toutefois Volkswagen qui a monopolisé l'attention dimanche soir en révélant avoir écoulé 10,14 millions de véhicules dans le monde en 2014, un record. Mais ses concurrents Toyota et GM, qui n'ont pas encore publié leurs statistiques, peuvent encore prétendre au titre dans ce match très serré.

VW, pour conquérir un marché américain qui lui a résisté en 2014, a promis une offensive de VUS sans précédent, et présente lundi un prototype la préfigurant.