Le moment ne pouvait pas plus mal tomber pour Mazda. Lancer une sous-compacte alors que les consommateurs profitent de la chute des prix à la pompe pour revenir à leurs anciennes amours que sont les camionnettes et les VUS...

Mais qu'importe le prix du baril de pétrole, Mazda se devait de renouveler sa petite citadine, qui ne se vend plus qu'au compte-gouttes. «J'avoue que ce n'est pas le meilleur moment pour dévoiler une voiture de cette catégorie», a reconnu Vincent Reboul, directeur du marketing chez Mazda Canada, à l'occasion du dévoilement en avant-première nord-américaine de la Mazda2, mercredi soir dans une galerie d'art montréalaise. «En Amérique du Nord, ce n'est sans doute pas le segment qui profite de la meilleure image, a-t-il ajouté. Mais les sous-compactes ont toujours été populaires au Québec, et la Mazda2 répond à une demande du public.»

C'est sans trop de surprise que Mazda a choisi Montréal pour le lancement nord-américain de la quatrième génération de la 2, surtout quand on sait que plus de 40% des sous-compactes vendues au Canada se retrouvent sur les routes du Québec. Néanmoins, Mazda demeure persuadée de voir son modèle d'entrée de gamme tirer son épingle du jeu. «Les ventes de sous-compactes ont affiché une hausse de 12% en 2014 et la catégorie représente désormais 15% du marché automobile canadien, a déclaré David Klan, directeur principal des ventes, du marketing et des opérations régionales chez Mazda Canada. Il n'y a pas de doute que les prix de l'essence vont irrémédiablement remonter, et comme les Canadiens sont des consommateurs raisonnables, ils pensent en fonction de cycles d'achat de quatre à cinq ans. Je ne crois donc pas que le marché des sous-compactes va souffrir des bas prix à la pompe.»

Bouleverser la gamme

La Mazda2 2016 a beau promettre une consommation d'essence 20% inférieure au modèle actuel grâce au quatre-cylindres SkyActiv-G de 1,5 litre à injection directe, la direction du constructeur d'Hiroshima promet davantage que des économies à la pompe pour sortir des bas-fonds de la catégorie. «Nous croyons que nous allons bouleverser le marché avec la Mazda2, a déclaré David Klan. Je ne suis pas gêné de la comparer à n'importe laquelle de ses rivales. En fait, je serais déçu si nous n'arrivions pas à égaler dans le segment des sous-compactes la part de marché globale de Mazda au Canada, soit 4%.» Cela se traduirait par un peu plus de 4000 voitures vendues, un objectif somme toute conservateur quand on sait que Mazda a réussi en 2011 à écouler au-delà de 9000 unités de sa 2.

À tout seigneur, tout honneur, la nouvelle Mazda2 semble bien née. Côté allure, la petite voiture n'a pas l'air d'une fève sur roues, comme certaines de ses rivales. «Dessiner une sous-compacte est certainement la chose la plus difficile pour un designer, a expliqué David Jenkins, directeur du design chez Mazda Amérique du Nord, qui était de passage à Montréal pour l'occasion. Les sous-compactes sont étroites, courtes et relativement hautes, c'est donc difficile de leur donner une posture équilibrée. Afin de donner une allure plus agressive à la Mazda2, nous avons allongé le capot et reculé les piliers du pare-brise. La cabine apparaît donc plus ramassée et transmet une sensation de puissance à l'arrière.»

Bien que l'habitacle ait été ainsi reculé, un adulte peut s'asseoir confortablement à l'arrière. Merci aux sièges avant amincis, notamment grâce à l'utilisation de mousses de polymère plus denses. Le coffre est toutefois petit, d'autant plus que la lunette arrière est très inclinée, un choix esthétique flatteur, mais pris aux dépens du côté pratique.

À l'intérieur, les matériaux sont de belle facture et on s'est efforcé d'agrémenter la présentation avec quelques touches de plastique singeant la fibre de carbone, un effet relativement bien réussi. Tout cela permet à la Mazda2 de s'affranchir de l'allure bon marché souvent attribuée à la catégorie.

Mazda admet ainsi viser davantage que les gens en quête d'une simple voiture économique. «Nous voulons que la Mazda2 représente une porte d'entrée vers notre gamme complète de véhicules, a indiqué David Klatt. Le prix sera compétitif, mais on ne parle pas d'une voiture sous les 10 000$, ce n'est pas la façon de faire de Mazda.»