Fini la morosité: fort de 130 nouveautés, le salon de Genève s'est ouvert mardi dans un climat d'optimisme mesuré, grâce à la reprise du marché automobile européen après des années de crise.

Des milliers de journalistes et d'exposants fourmillaient dans les allées de cette grand-messe de l'automobile, l'un des temps forts pour le secteur comme pour les amoureux de belles voitures. Après les professionnels, le public aura accès à l'événement à partir de jeudi.

Des citadines plébéiennes aux supervoitures gorgées de chevaux dotées de prix à six zéros, quelque 900 véhicules sont présentés à Genève par 220 exposants, au moral généralement bon après six ans de crise.

Le marché européen est nettement repassé dans le vert en 2014, progressant de 5,7%, même s'il reste loin de ses volumes d'avant-crise.

«Le marché européen va avancer en 2015, mais à vitesse réduite», a pronostiqué lundi la fédération allemande de l'automobile VDA, qui table sur une hausse de 2% par rapport à 2014. Les prévisions des spécialistes oscillent généralement entre 2 et 5%.

Même optimisme prudent pour Carlos Tavares, président du directoire du groupe français PSA Peugeot Citroën, qui table toutefois sur une croissance de seulement 1%. Si le marché «peut continuer à grimper comme il l'a fait l'année dernière (...) on en sera évidemment très heureux. Mais je reste assez prudent parce que je trouve que la situation est encore un peu instable», a-t-il affirmé.

«Nous sommes témoins du début d'une reprise, je pense qu'elle est permanente, je ne pense pas qu'elle soit phénoménale, mais elle est meilleure que ce que nous avons vu depuis très longtemps», a ajouté de son côté le PDG de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne.

Un coup de pouce pourrait venir de la baisse des prix du pétrole, qui «redonne de la trésorerie aux entreprises et redynamise un peu le pouvoir d'achat des ménages», selon Josselin Chabert, expert du secteur chez PwC.

Des sorts variés

Tous les constructeurs n'arrivent pas sur le salon avec le même aplomb.

Contraints à de douloureuses restructurations pendant la crise, les constructeurs français ont récemment publié des résultats financiers encourageants. PSA, qui avait évité de justesse le naufrage il y a un an, a divisé par quatre sa perte nette, tandis que Renault a enregistré un solide bénéfice et annoncé 1000 recrutements en France cette année.

Les divisions européennes des américains General Motors et Ford sont encore à la peine, subissant l'implosion du marché russe à la suite du conflit en Ukraine.

Volkswagen, qui avec ses différentes marques (VW, Audi, Skoda, Seat, etc.) s'arroge le quart du marché européen et dispute au japonais Toyota la place de premier constructeur mondial, a lui dégagé des résultats historiques l'an passé, avec un chiffre d'affaires dépassant les 200 milliards d'euros (279 milliards de dollars).

Il a reçu lundi une bonne nouvelle: sa grande berline Passat s'est vu décerner le trophée de voiture européenne de l'année.

Supervoitures et voitures connectées

Côté nouveautés, plusieurs multisegments comme le Renault Kadjar côtoieront de grandes berlines au style révisé comme la Skoda Superb et la Toyota Avensis.

Le salon de Genève fait comme à l'accoutumée la part belle à des modèles de rêve, avec de nouvelles moutures des coupés sportifs Audi R8 et Lotus Evora et des bolides démoniaques signés McLaren, Aston Martin, Ferrari et Koenigsegg.

Sur fond de durcissement des normes antipollution, le salon a pourtant dit vouloir inciter ses visiteurs à aller découvrir les voitures émettant moins de 95 grammes de CO2 au kilomètre.

Le salon, qui espère attirer quelque 700 000 visiteurs, met aussi en vedette les technologies connectées et autonomes (voiture sans chauffeur), vues comme la nouvelle frontière de l'industrie automobile dans la décennie à venir et accompagnées de nouveaux arrivants comme Apple et Google.

Pour M. Marchionne, le débarquement de tels concurrents potentiels serait de nature à galvaniser les constructeurs. Ce serait «exactement ce dont ce secteur a besoin», a-t-il affirmé.