«Les constructeurs automobiles réclament toujours un peu plus d'espace car ils veulent montrer plus de véhicules. Le Québec est quand même le deuxième marché au Canada.»

Depuis 10 ans qu'il chapeaute l'organisation du Salon international de l'auto de Montréal (SIAM), Denis Dessureault est habitué aux éternelles critiques à l'endroit du Palais des congrès, emplacement du rendez-vous automobile depuis 2003. Manque de convivialité, mauvaise répartition des exposants, circulation à sens unique, étroitesse des lieux, étages trop isolés, pas grand-chose ne plaît aux constructeurs, voire aux visiteurs.

Devant la grogne sous-jacente, le SIAM a par le passé exploré les deux seules possibilités de repli qui s'offrent à lui: la Place Bonaventure et le Stade olympique.

Trop petite, la première aurait été un deuxième lieu d'exposition avec une navette pour le Palais des congrès, lieu d'exposition principal. Cette idée a rapidement été abandonnée. Théâtre du scénario cauchemardesque que l'on sait en 1999, la deuxième solution a aussi été écartée, en raison de la superficie « insuffisante » de l'aire de jeu et de l'impossibilité d'y tenir un événement durant l'hiver. Pourtant, encore aujourd'hui, certains s'interrogent sur un possible retour au Stade. Mais cela nécessiterait un déplacement du SIAM dans le calendrier. Impensable de passer après Toronto, rétorquent les opposants.

Selon Denis Dessureault, la seule possibilité de voir plus grand réside dans l'agrandissement futur du Palais des congrès, avec lequel le renouvellement du bail vient d'être signé pour de nombreuses années. «Avec l'agrandissement, au moins, cela nous laisse une perspective», dit M. Dessureault.

Seulement, voilà, on est très loin d'assister à la première pelletée de terre officielle. «Pas avant cinq ans», évalue Chrystine Loriaux, directrice du marketing et des communications du Palais des congrès. On n'en est qu'au stade de l'appel d'offres lancé pour les études de faisabilité.

Si le salon de Montréal «est encore très viable pour les constructeurs et les concessionnaires», dixit un commerçant, Denis Dessureault admet avoir déjà «plus ou moins entendu» des menaces de départ en raison du manque d'espace.

Ce genre de remarque est-il à prendre en considération? L'espace va de pair avec le contenu, croit Yan Cimon, professeur de management à l'Université Laval. «Si Montréal doit être pertinent à l'avenir et grimper dans la hiérarchie des salons, il va falloir changer la formule actuelle. Le danger est de se régionaliser et là, il serait dans une position à risque. Il faut se différencier par rapport à Toronto et aux salons secondaires», pense ce spécialiste du secteur automobile.

«On ne peut pas réinventer le salon, mais on essaie de trouver de nouvelles façons de communiquer avec le public», répond M. Dessureault. Gageons qu'il faudra en faire plus à l'avenir.