Le monde automobile va se retrouver à partir de lundi à Detroit pour confirmer l'avènement de la voiture autonome, sous la pression de Donald Trump qui veut contraindre les constructeurs américains à rapatrier leur production aux États-Unis.

Cette vingt-neuvième édition du célèbre salon, qui se tient dans la capitale de l'automobile américaine, met à l'honneur les nouvelles technologies, primordiales pour le développement de la voiture de demain.

Google, qui travaille depuis 2009 sur la voiture autonome, par le biais de sa filiale Waymo, va donner dès dimanche le coup d'envoi officieux de ce grand raout dont les portes seront ouvertes au grand public le 14 janvier après cinq jours dédiés à la presse et aux professionnels.

Tout en préparant l'avenir, l'industrie va également garder un oeil sur le présent, fait d'interrogations dues à l'arrivée à partir du 20 janvier d'un nouveau locataire à la Maison-Blanche, dont le leitmotiv est le «Made in America».

M. Trump a menacé de taxer des importations de Chine et du Mexique et de renégocier l'accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) permettant aux constructeurs américains d'importer des voitures fabriquées en Amérique du Nord sans taxe supplémentaire.

«C'est du jamais vu», estime Alan Deardoff, spécialiste du libre-échange à l'Université du Michigan. «Cela risque de désorganiser leur logistique et leurs chaînes d'approvisionnement et augmenter leurs coûts de fabrication et au final le prix des voitures», ajoute l'universitaire.

General Motors, Ford et Fiat Chrysler «vont devoir revoir toute leur stratégie mexicaine», renchérit Matt DeLorenzo, analyste chez Kelley Blue Book, ce qui risque de les faire perdre, selon lui, en compétitivité.

Questions éthiques

De surcroît, le relèvement des taux d'intérêt américains, qui rend le crédit plus cher pour le consommateur, risque d'enrayer l'embellie des trois dernières années sur le marché automobile américain. Il a encore battu en 2016 un record avec 17,550 millions de voitures vendues, soit une petite hausse de 0,4% comparé à 2015.

Ford vient ainsi d'annuler un investissement de 1,6 milliard de dollars au Mexique et prévoit d'investir la moitié de cette somme pour augmenter des capacités d'une de ses usines américaines et développer véhicules électriques et autonomes.

«Il faudra bien plus que renégocier l'ALÉNA pour ramener les emplois aux États-Unis», prévient toutefois Robert Scott du groupe de réflexion Economic Policy Institute.

Les voitures autonomes, qui sont bourrées de technologies et exigent par conséquent une main-d'oeuvre hautement qualifiée, sont une source de créations d'emplois aux États-Unis, vont marteler à Detroit les dirigeants du secteur.

Plus de 300 exposants sont annoncés dont un grand nombre de jeunes pousses (start-up) qui viendront vanter leurs avancées sur les technologies connectées et autonomes censées faciliter et rendre la conduite plus sûre.

Peu de grandes annonces sur les voitures classiques sont prévues. Fiat Chrysler brillera par son absence, alors que Volkswagen, en train de tourner la page du scandale des moteurs diesel truqués, devrait présenter un prototype de sa gamme électrique et autonome.

Chevrolet dévoilerait un gros VUS (Chevrolet Traverse), tandis que BMW, distancé dans le haut de gamme par Lexus et Mercedes-Benz aux États-Unis, va présenter le VUS compact BMW X2 et la nouvelle Série 5.

Les grands constructeurs auront à coeur de parler de la voiture autonome à l'instar de GM et Toyota, qui ont réservé des créneaux spécifiques à ce thème.

«La course s'est accélérée lors des douze derniers mois» entre les groupes automobiles, les géants de la Silicon Valley pour être le premier sur ce marché, explique Karl Brauer, analyste chez Kelley Blue Book.

La technologie autonome est au stade «hands off» (mains libres) et se rapproche de l'étape «eyes off» (yeux fermés, sans aucune intervention humaine), affirme Brian Fitzgerald, analyste chez Jefferies.

Les situations étudiées par les développeurs sont de plus en plus complexes et tentent de répondre à des problématiques éthiques, avancent les deux experts: que ferait la voiture si elle devait choisir entre la vie de son occupant et celle d'un piéton qui traverserait la route de manière inopinée ?

Un des temps forts du salon sera l'intervention de Carlos Ghosn, le patron de l'alliance Renault-Nissan, sur le sujet.