Mis sous pression par Donald Trump, les grandes marques de l'automobile mondiale ont montré patte blanche lundi au salon de Detroit en faisant étalage de leurs investissements aux Etats-Unis par peur d'être pris en grippe par le président élu.

Parti en guerre contre les délocalisations, M. Trump s'en est récemment pris aux grands noms de l'automobile mondiale et son ombre plane sur la 29e édition de la grand-messe du secteur, qui s'est ouverte dans la ville  du Michigan (nord-est).

M. Trump veut contraindre les groupes automobiles présents sur le sol américain à freiner leurs délocalisations vers le Mexique où de nombreuses usines ont été ouvertes lors de la dernière décennie.

Des engagements envers les États-Unis

L'industrie automobile allemande a «quadruplé (sa) production aux Etats-Unis entre 2009 et 2016, de 214 000 à 850 000», a défendu Matthias Wissmann, le président de la fédération allemande de l'automobile VDA, qui regroupe notamment Daimler, BMW et Volkswagen.

«C'est un engagement clair envers les États-Unis en tant que base industrielle», a estimé M. Wissmann à Detroit, évaluant à 110 000 le nombre total d'employés directs des membres de la fédération allemande aux Etats-Unis, en incluant les fournisseurs.

La veille, Volkswagen, dont un des dirigeants a été arrêté dimanche en Floride (sud-est) dans l'affaire des moteurs diesel truqués, avait essayé d'amadouer M. Trump en s'engageant à produire ses futurs véhicules électriques aux Etats-Unis. Le groupe aux douze marques pourrait agrandir les capacités de son usine de Chattanooga (Tennessee, sud) où Volkswagen emploie jusqu'à 3200 personnes et produit la Passat, avant son gros 4x4 urbain Atlas.

S'il s'en est déjà pris à General Motors, Ford et Toyota, Donald Trump, qui a été élu sur la promesse de ramener des emplois industriels aux Etats-Unis et multiplié les menaces contre les géants de l'automobile, n'a pas encore attaqué un constructeur allemand.

Contre l'Aléna

Le futur président reproche à l'industrie automobile d'avoir utilisé l'accord de libre-échange nord-américain Aléna, qui permet, sous certaines conditions et sans droits de douane, d'exporter vers les Etats-Unis des marchandises produites au Mexique où la main d'oeuvre est moins chère.

Cet accord signé en 1994 a été attaqué par M. Trump, qui a promis de le renégocier ou de le dénoncer purement et simplement. Il est, assure-t-il, responsable avec d'autres accords commerciaux négociés par ses prédécesseurs, de la perte de millions d'emplois industriels aux Etats-Unis.

Ford et Fiat-Chrysler ont d'ores et déjà tendu la main à M. Trump, le premier en annulant un investissement de 1,6 milliard de dollars au Mexique et le second en rapatriant aux Etats-Unis la production d'une camionnette à plateau et en annonçant la création de 2000 emplois.

«On y est enfin arrivé», s'est félicité M. Trump dans un tweet lundi. «Merci Ford et Fiat!»

Absent du Mexique, le constructeur suédois Volvo, dont l'actionnaire principal est chinois, vante pour sa part son installation à Charleston (Caroline du Sud, sud-est) où il va commencer à produire la prochaine génération de berlines moyennes S60 en 2018.

Première usine de Volvo en Amérique du Nord après celles de Suède et de Chine, ce site devrait exporter la moitié de sa production, mettant ainsi en valeur le «Made in America» cher à Donald Trump.

Exportant plus de la moitié de ses voitures fabriquées aux Etats-Unis, l'industrie allemande a par ailleurs défendu lundi l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis (TTIP), actuellement dans les limbes.

«Plus de la moitié des emplois que les constructeurs allemands ont créé aux Etats-Unis dépendent des exportations», a indiqué M. Wissmann.

Les Allemands pour le libre échange

«Pour nous, la valeur que Washington donnera à la mondialisation est particulièrement importante», a noté M. Wissmann. «Nous prenons pour postulat que la prochaine administration présidentielle voudra renforcer l'industrie américaine (...). Nous espérons que le nouveau président sera ouvert à cette politique de libre-échange dans l'intérêt de sa base industrielle».

Le salon, qui ouvrira ses portes au public le 14 janvier après cinq jours dédiés aux professionnels et aux médias, a débuté avec l'attribution du prix de la voiture de l'année à la Chevrolet Bolt, la berline 100 % électrique de General Motors commercialisée depuis peu et dont le prix --30 000 dollars en moyenne - est censé séduire le consommateur.

Hormis les traditionnels SUV et pickups aux marges lucratives, peu de grosses annonces de produits sont attendues.