Réunis au salon de Genève (Suisse), les principaux dirigeants du secteur automobile ont manifesté mardi un optimisme prudent quant aux perspectives de l'industrie pour 2017, malgré des incertitudes, notamment politiques.

Pour la première journée presse de cette grand-messe automobile, qui ouvrira au public jeudi, des dizaines de milliers de personnes ont convergé au centre Palexpo pour des présentations de produits et conférences de presse, les sujets les plus souvent évoqués étant le ralentissement du marché européen après trois ans de forte croissance, et le mariage entre PSA et Opel.

«Ce que nous voyons pour 2017 c'est un marché qui est plutôt stable, une petite croissance, c'est une situation qui nous convient tout à fait», a affirmé à l'AFP le patron de PSA Carlos Tavares, très courtisé au lendemain d'un accord sur le rachat de PSA qui a officialisé la formation du deuxième groupe automobile du continent, derrière Volkswagen.

«Ce qui est important, c'est de préserver la rentabilité de l'entreprise (...) pour être en situation d'encaisser d'éventuelles variations de marché. Pour l'instant, nous ne les voyons pas», a-t-il ajouté.

«Nous attendons un marché européen stable cette année, certainement avec des défis régionaux», a renchéri le directeur des ventes de la marque Volkswagen, Jürgen Stackmann, alors que les effets du vote en faveur du «Brexit» sont encore incertains.

Incertitudes

Sur fond de nouveaux rendez-vous électoraux cette année (France, Pays-Bas, Allemagne), aux conséquences imprévisibles après les chocs du Brexit et de l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, le patron du groupe italo-américain Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, a appelé à raison garder.

«Décrire le Vieux Continent comme un facteur de risque géopolitique pour une multinationale, c'est à mon avis exagérer un peu les choses», a-t-il affirmé.

«Nous nous retrouvons face à de nombreux facteurs d'incertitude sur le marché européen (...) qui vont avoir un effet négatif», a néanmoins estimé lundi Johan van Zyl, président de Toyota Europe.

Pour 2017, l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) prévoit une croissance du marché automobile de l'UE de seulement 1%.

L'humeur des constructeurs semble pourtant au beau fixe, alors que 2016 a marqué un retour à des chiffres de ventes presque à la hauteur de ceux d'avant la crise de 2008-2013: 14,64 millions d'unités écoulées dans l'Union européenne (+6,8%).

Les constructeurs européens ont profité de cette dynamique, comme PSA (Peugeot, Citroën et DS), qui a dégagé 2,15 milliards d'euros de bénéfice net l'année dernière après avoir frôlé la faillite il y a trois ans.

Volkswagen a gagné 5,1 milliards d'euros en 2016, après une perte en 2015 dans le sillage du «dieselgate». Son dauphin en termes d'immatriculations en Europe, le français Renault, a lui engrangé 3,54 milliards l'an passé.

Cohue autour de la Alpine

Le secteur se prépare par ailleurs à la réduction réglementaire des émissions polluantes, passée au premier plan depuis l'affaire des moteurs diesel truqués de Volkswagen, à la chute des ventes de véhicules diesel et aux chantiers de la voiture électrifiée, connectée et autonome.

Au-delà de ces thèmes cruciaux pour le secteur, le salon de Genève respecte son image de «salon des belles voitures et des bolides exclusifs», selon l'expression de l'expert allemand Ferdinand Dudenhöffer.

Au milieu d'une grosse cohue, le groupe Renault a enfin dévoilé la version définitive de sa nouvelle «berlinette» Alpine A110, légère (1,08 tonne) et dotée d'un moteur 1,8 litre de 252 chevaux synonyme d'une accélération de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes.

Les marques de rêve Ferrari, Lamborghini, Pagani, McLaren ou encore Bentley profitent aussi de ce salon pour présenter leurs toutes dernières nouveautés.

Mais ce sont les 4x4 urbains, désormais proches de 30% du marché européen, qui se taillent la part du lion, comme le Volvo XC60, le prototype Citroën C-Aircross, le DS7 Crossback ou le Land Rover Velar.

C'est d'ailleurs un SUV qui a reçu lundi, pour la première fois, le prestigieux prix de la voiture européenne de l'année: la Peugeot 3008.

Volkswagen a quant à lui présenté avant le lancement du salon son premier «concept car», un prototype de voiture autonome baptisé Sedric.

Au total, près de 180 exposants montreront quelque 900 voitures jusqu'au 19 mars. L'édition 2016 avait attiré 687 000 visiteurs.