Le Mondial de l'Auto, salon automobile le plus fréquenté au monde, fête ses 120 ans du 4 au 14 octobre à Paris avec un feu d'artifice d'innovations pour tenter de reconquérir des constructeurs de plus en plus nombreux à bouder ce type d'événements.Le Mondial marquera notamment le lancement d'une contre-offensive électrique sans précédent contre l'américain Tesla, de la part des constructeurs allemands, déterminés à mettre un terme à sa domination du marché électrique de luxe.

Les deux vedettes du Mondial pourraient être l'Audi e-tron et le Mercedes Benz EQC, deux VUS de série tout électriques qui seront bientôt lancés pour faire concurrence aj Modèle X de Tesla. BMW sera aussi présent avec son prototype Vision iNext.

Ce n'est pas pour rien que Tesla, pas un habitué des salons, sera présent cette année avec son Modèle 3, lancé cette année en Europe.

Mais l'e-tron et l'EQS illustrent bien les difficultés des grands salons de l'automobile à travers le monde : Audi a choisi de dévoiler l'e-tron la semaine dernière à San Francisco, tandis que Mercedes Benz a montré l'EQC à Stockholm le 4 septembre.

Beaucoup d'absents

Car les grands salons automobiles occidentaux ne font plus le plein de marques, alors qu'ils étaient autrefois les vitrines incontournables des nouveautés du secteur. Le phénomène touche aussi bien Détroit que Francfort ou Genève. Mais le salon de la capitale française sera particulièrement affecté cette année.

Volkswagen, Opel, Fiat, Jeep, Alfa Romeo, Ford, Nissan, Volvo, Mazda, Mitsubishi ont notamment renoncé à tenir un stand cette année à la Porte de Versailles, des absents qui pèsent ensemble près de 40 % du marché automobile européen.

Le doyen des salons automobiles, qui attire tous les deux ans plus d'un million de visiteurs et 10 000 journalistes internationaux, espère pourtant marquer les esprits avec un fourmillement de nouveautés.

«On fête les 120 ans et on fête l'année une du renouveau du Mondial», résume son commissaire général, Jean-Claude Girot.

Un salon obsédé par la technologie

Au coeur de la transformation, l'ouverture aux services de mobilité et aux entreprises de technologie qui bouleversent l'industrie. L'automobile de demain sera électrique, autonome, connectée, et de plus en plus partagée.

Cette année, les deux roues seront exposés en même temps que les voitures, renouant avec la tradition des premières années. Outre le renfort du Mondial de la moto, le salon lance un nouvel événement grand public, le Mondial de la mobilité et simultanément un nouveau salon professionnel, Mondial.Tech, qui permettra notamment à 64 startups du monde entier de présenter leurs innovations.

Une piste d'essais sera ouverte aux visiteurs pour tester des vélos et trottinettes électriques.

«Les transports en commun seront aussi présents. On remet la voiture au milieu de la ville et du transport», explique M. Girot. «On va avoir une population de visiteurs et une presse beaucoup plus larges. Ce n'est plus un simple salon de l'auto où on expose des voitures».

Il se réjouit tout particulièrement du partenariat noué avec le CES de Las Vegas, premier salon mondial de l'électronique grand public, qui organise sa déclinaison française à la Porte de Versailles, pendant le salon.

Forte présence des marques de luxe

Les fondamentaux restent cependant assurés. Le Mondial se félicite de continuer à attirer des marques de luxe. Aston Martin, Jaguar, Ferrari, Lamborghini, Maserati seront bien au rendez-vous. Tout comme le constructeur californien de voitures électriques, Tesla, dont la nouvelle Modèle 3 devrait attirer les foules.

Le Mondial reste «une institution», estime M. Girot. De nombreux visiteurs, de toute la France, viennent «pour rêver», une partie d'entre eux «venaient avec leurs parents quand ils étaient petits et maintenant ils emmènent leurs enfants».

Certains viennent aussi «pour renouveler leur voiture», profiter de la possibilité de voir et essayer de nombreux modèles en une seule journée. Des milliers de commandes sont enregistrées à chaque édition.

Alors, pourquoi des constructeurs font-ils l'impasse ?

La présence sur un salon est «un investissement coûteux et les constructeurs font des arbitrages», relève Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. Les salons historiques, en Amérique du Nord et en Europe, sont concurrencés par d'autres modes de communication, notamment numériques, et par les salons des pays émergents, Chine en tête.

Un «concept à repenser complètement»

«Le concept est à repenser complètement. Jusqu'ici les salons consistaient à placer des produits à côté de jeunes filles. C'est le monde d'avant-hier», estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l'institut allemand Center Automotive Research. Selon lui, les salons qui fonctionnent ne se contentent pas d'exposer des produits mais proposent «des expériences».

M. Girot reconnaît que le Mondial aurait dû innover plus tôt. Pour cette édition, la durée a été raccourcie à 11 jours au lieu de 16, afin de réduire les coûts pour les constructeurs.

Le Mondial sort aussi des murs et proposera au public d'essayer des voitures électriques sur la Place de la Concorde. Il espère convaincre visiteurs, journalistes et constructeurs, que l'événement a de l'avenir, malgré ses 120 ans. Pour 2020, Volkswagen a déjà acté son retour.

Avec La Presse