Comme une réaction à la menace qu'incarnent les Google et Apple de ce monde, les constructeurs japonais ont montré les muscles dernièrement en dévoilant leurs voitures autonomes à venir. Il est temps, grand temps, selon un chantre nippon du design qui entrevoit ni plus ni moins la fin des voitures grand public.

On le sait, on nous prédit des changements profonds dans le paysage automobile d'ici 15 ans. Quinze ans, c'est long et c'est loin. Malgré leurs récentes annonces, les constructeurs automobiles ne sont pas près de fournir non seulement une gamme complète de véhicules autonomes, mais ne serait-ce qu'un premier véhicule de série du genre.

«S'ils n'y prennent pas garde, ils risquent de devenir de simples fournisseurs de ces sociétés technologiques» que sont Apple et Google, a jugé récemment Ken Okuyama.

Le dessinateur des Ferrari F60 Enzo et Honda NSX y est allé de ses prédictions en la matière en marge du récent salon automobile de Tokyo. Et il a joint sa voix au concert des sceptiques qui constatent que les constructeurs automobiles, particulièrement japonais, sont pressés par une concurrence qu'ils n'ont pas vue venir.

«Les voitures autonomes finissent par devenir banales. Ainsi donc, les constructeurs automobiles devront vendre non seulement le logiciel, mais aussi le système au complet de la voiture. Mercedes et Toyota travaillent là-dessus, mais Google est en avance en ce domaine», a expliqué Okuyama à l'agence Reuters.

Même si l'on ne sait rien de ce que fait exactement Apple et que l'on connaît très peu de choses sur l'état d'avancement des travaux de Google, il ne fait aucun doute qu'ils planchent sur des véhicules, autonomes ou électriques.

«Au jour d'aujourd'hui, il n'est pas clair que Google ou Apple puissent sortir une voiture. Mais ils dépensent manifestement beaucoup pour recruter des gens afin d'y parvenir. On ne peut écarter la possibilité qu'ils deviennent des compétiteurs», a-t-on bien compris chez Honda.

Deux types de voitures

Au-delà de la révolution technologique et de l'émergence d'une concurrence inattendue, cette course à la voiture autonome conduira à un bouleversement du marché automobile, croit Ken Okuyama. Et la conséquence principale sera la disparition de la voiture grand public telle qu'on la connaît sous les traits d'une Honda Civic ou d'une Toyota Corolla. Parce qu'il y aura deux types de voitures à l'avenir: celle qui servira de taxi, d'une manière ou d'une autre, et celle, luxueuse, que pourront se payer les nantis. Ce qui n'est pas sans rappeler le petit «pod car» de Google et la voiture - exclusive? - d'Apple.

En retard sur leurs homologues européens et américains, les constructeurs japonais ont affiché, en marge du salon de Tokyo, leur volonté de fournir une voiture partiellement autonome en 2020, à l'occasion des Jeux olympiques de Tokyo. Ils ne sont pas les seuls à vouloir être au rendez-vous. Société de robotique japonaise, ZMP envisage de mettre à disposition son «robot taxi», une petite navette de transport.

On est vraiment loin de la voiture grand public.

- Avec Reuters