Une analyse préliminaire révèle qu'aux États-Unis, les véhicules autonomes seraient plus impliqués dans des accidents que la voiture de monsieur et madame Tout-le-Monde. Une constatation à prendre avec des pincettes puisque cette même étude démontre qu'on ne peut trancher en leur défaveur tant cette technologie en est à ses balbutiements.

Ce qu'il en ressort



De 2012 à septembre dernier, seulement 11 accidents de véhicules circulant en mode autonome ont été recensés aux États-Unis, selon cette analyse réalisée à l'Institut de recherche en transport de l'Université du Michigan. «La fréquence des accidents impliquant ces véhicules a augmenté cette année [huit accidents contre un seul par année auparavant], on présume que cela correspond à l'augmentation récente du nombre de véhicules autonomes sur les routes publiques», indiquent ses auteurs Brandon Schoettle et Michael Sivak. Aucun de ces véhicules n'a été en tort dans tous ces accidents qui, dans 73% des cas, relèvent d'accrochages à l'arrêt ou à très basse vitesse. Ce qui explique pourquoi, dans la même proportion, ces véhicules ont subi une collision arrière. Et que cela n'a impliqué que des dommages matériels dans 82% des cas.

L'observation principale



L'observation principale à laquelle sont néanmoins arrivés les deux professeurs de l'Institut est que les véhicules autonomes ont un plus haut taux d'accidents par million de milles parcourus que les véhicules classiques. Soit plus de deux fois supérieur. La tendance est la même en ce qui concerne le taux de blessures, plus de trois fois supérieur. Mais de là à conclure que les véhicules autonomes sont plus dangereux que les voitures que l'on connaît, il y a un pas qu'on ne peut franchir.

Attention à la comparaison



Les deux chercheurs ont comparé les statistiques de seulement 50 véhicules autonomes ayant parcouru plus de 1,2 million de milles en à peine trois ans avec les statistiques de pas moins de 269 millions de véhicules ordinaires ayant parcouru au total près de 3000 milliards de milles au sud de la frontière rien qu'en 2013. Ces données sur les accidents reposent sur un recensement pour les véhicules autonomes alors qu'elles sont issues d'une estimation basée sur les rapports de police pour les véhicules ordinaires. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aux États-Unis chaque année, environ 60% des accidents avec dommages matériels seuls et 24% des accidents avec blessés ne sont pas signalés. «On ne peut pas actuellement évacuer la possibilité que le taux actuel d'accidents des véhicules autonomes soit en fait plus bas que celui des véhicules conventionnels», précisent Schoettle et Sivak.

Trop tôt pour juger



L'État de Californie a été le premier à autoriser la circulation des véhicules autonomes sur ses routes à des fins de tests. Pour cette analyse préliminaire, l'équipe de l'Université du Michigan n'a eu accès qu'aux données de trois des 10 entreprises autorisées à mener ces tests. Les véhicules de Google ont parcouru à ce jour environ 1,2 million de milles. Delphi a fait une fois le trajet San Francisco - New York avec un Audi SQ5. Alors qu'Audi lui-même a fait un seul trajet entre San Francisco et Las Vegas. Tout en limitant le territoire d'essais aux zones urbaines, Google a réellement utilisé le mode autonome sur environ 57% de la distance totale parcourue. Durant son voyage, le véhicule d'Audi n'a été sur ce mode autonome que sur autoroute.

Le recensement des accidents impliquant les véhicules autonomes n'existe que sur la période 2012 à 2015. Tout ce qui est relatif aux accidents de ces véhicules concerne uniquement la Californie. Les chercheurs ignorent si les véhicules de Delphi et d'Audi ont été accidentés durant leur voyage dans les États du Sud.

Manque d'info



Bien que ni Google, ni Audi, ni Delphi n'aient détaillé les conditions de circulation de leurs véhicules, il est clair qu'ils ont privilégié des trajets soit préalablement cartographiés, soit limités à des autoroutes, soit parcourus sous des conditions météo clémentes. «De même qu'il n'est pas clair jusqu'à quel point ces véhicules ont circulé de nuit sur des routes publiques», ajoutent les auteurs de l'étude.

Il y a des limites aujourd'hui à pouvoir trancher en défaveur des véhicules autonomes au vu de leur taux d'accidents relevé ici. Parce que leur nombre est famélique et parce que leur utilisation est extrêmement minimaliste. Et, par le fait même, le nombre d'accidents répertoriés.

«Sans information supplémentaire sur leur utilisation, la performance des véhicules autonomes en toutes circonstances reste incertaine», résument Sivak et Schoettle.