Le gouvernement de l'Ontario souhaite élargir son projet-pilote pour permettre à des véhicules sans conducteur à bord d'être testés sur les routes de la province. Pendant ce temps, le Québec ne propose pas d'ajustements à ses règles, malgré l'évolution qui se poursuit dans le domaine des véhicules autonomes (VA).

L'Ontario est devenu en 2016 la première province du Canada à se doter d'un projet-pilote pour permettre de faire l'évaluation de technologies de VA sur ses routes. À l'heure actuelle, ces tests menés par une demi-douzaine de groupes autorisés requièrent la présence d'un conducteur dans le véhicule, prêt à reprendre les commandes si nécessaire.

Mais une proposition de changement réglementaire rendue publique récemment envisage de permettre de retirer le conducteur de l'équation. Certaines conditions seraient évidemment imposées, dont d'avoir un « plan des interactions avec la police » ou de prévoir la supervision par un conducteur à distance.

« Ces [...] propositions feront en sorte que le programme ontarien d'essais des VA répond aux besoins de l'industrie, tout en maintenant la sécurité des routes», souligne un porte-parole du ministère des Transports de l'Ontario.

L'industrie ontarienne est en plein développement, en particulier à Waterloo et en banlieue d'Ottawa. Une demi-douzaine d'organismes et d'entreprises ont obtenu un permis en vertu du programme, dont QNX (BlackBerry), Uber et l'Université de Waterloo.

Dans la vidéo qui suit, une auto autonome Google en action, en Californie (rien à voir avec le programme ontarien) :

Le développement des véhicules autonomes va s'accélérer durant les prochaines décennies. Ci-dessus, des voitures autonomes testées par Uber à Pittsburgh en Pennsylvanie. Photo: AFP

PAS DE CHANGEMENT AU QUÉBEC

Le Québec a adopté une approche différente : aucun projet-pilote ou changement de règles n'a été adopté à l'égard des VA. L'été dernier, un porte-parole du ministère des Transports (MTQ) a indiqué qu'on est « vraiment en mode observation, pour voir ce qui va se passer » dans ce paysage qui devrait continuer de subir des changements fulgurants.

Le gouvernement a confirmé cette semaine que la situation n'avait pas changé depuis. Ainsi, la circulation d'un véhicule sans conducteur continuerait d'être jugée illégale à l'heure actuelle : « Il est compris que le législateur conçoit la notion de véhicule routier comme impliquant la présence d'un conducteur », a déclaré une porte-parole du MTQ.

Des acteurs et observateurs de l'industrie des VA ont critiqué ce qui est perçu comme de l'inaction qui fait prendre du retard à la province dans la course au développement de cette technologie qui s'annonce révolutionnaire.

Mais malgré cette approche différente entre les deux provinces, Québec maintient néanmoins une zone grise quant à la tolérance de certains types de VA sur les routes, pourvu qu'un conducteur soit derrière le volant et prêt à reprendre les commandes au besoin.

« Lors de l'utilisation de certaines fonctions automatisées, le conducteur doit, en tout temps, agir comme s'il conduisait un véhicule "conventionnel" et être en mesure d'en reprendre le contrôle, sans délai », souligne un porte-parole du MTQ.

Le gouvernement du Québec a confirmé cette semaine que la circulation d'un véhicule sans conducteur continue d'être jugée illégale à l'heure actuelle. Photo: AP

AUTRES CHANGEMENTS EN ONTARIO

L'Ontario a proposé d'autres changements, dont de permettre la présence sur ses routes de véhicules de niveau 3 qui auraient été approuvés au préalable par Transports Canada. Ce niveau suppose une automatisation supérieure à celle actuellement offerte dans des Tesla, par exemple, mais nécessite toujours la présence d'un conducteur.

L'essai de véhicules qui circulent en convois automatisés pour transporter des marchandises et des passagers serait aussi permis dans le cadre du projet. Ces convois permettent d'économiser de l'énergie et d'accroître la sécurité routière, selon le ministère des Transports ontarien. Des tests à cet égard sont déjà menés depuis un certain temps au centre d'essais de Transports Canada à Blainville.

La phase de consultation sur les changements envisagés se termine le 4 février. Ils seront ensuite considérés par le Conseil des ministres avant d'être adoptés, le cas échéant.