Le coeur de l'industrie automobile nord-américaine ne bat plus au même endroit depuis quelques années. Cela aura un effet sur les métiers dans ce secteur qui se fera sentir jusque chez nous, avertissent les experts.

DE DETROIT À LA SILICON VALLEY...

« Ce dont il est question ici, c'est de la redéfinition de la voiture comme un énorme appareil numérique pouvant être hautement personnalisé », avertit Ray Telang, chef analyste du secteur automobile pour la firme PwC, et auteur d'une étude sur l'avenir des métiers de l'automobile.

« Ça récompensera les jeunes ingénieurs qui pensent autrement. L'industrie devra attirer des experts en logiciels, en mécanique, en applications mobiles. Les constructeurs migreront ainsi vers une "roboconomie" et feront partie de l'écosystème plus large de la mobilité connectée de demain. »

La bonne nouvelle, selon PwC : 74 % des professionnels de l'automobile sont prêts à s'adapter à ce nouvel environnement, 65 % accueillant avec optimisme l'arrivée de nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle et une automatisation accrue.

GRAND BESOIN DE PETITS GÉNIES

Des prévisions faites par la firme EY estiment que le nombre d'ingénieurs employés par le secteur automobile mondial est appelé à se multiplier par 14 au courant des 10 prochaines années. 

Globalement, on anticipe que le secteur comptera 14,3 millions de travailleurs en 2022. Mais les deux tiers de ces travailleurs auront des spécialisations qui n'existent pas dans l'industrie en ce moment.

Les voitures de demain auront des lidars à la place de vos yeux. Photo LeddarTech

L'automatisation est en cause : on échangera des boulots manuels et répétitifs, comme la peinture ou la soudure, contre des boulots de superviseur pour des robots effectuant ces mêmes tâches.

EXPERT DE LA SANTÉ À BORD

Le vieillissement de la population est un autre facteur incitant l'industrie automobile à s'ajuster. D'ici 2030, on estime que 21 % de la population des pays développés aura plus de 65 ans.

« Nous croyons que pour aider ces gens à garder leur autonomie, de nouveaux services de santé et de communication devront être intégrés à l'automobile », croit-on chez Hyundai.

L'an dernier, le groupe coréen a ouvert un labo de R-D afin d'étudier 12 « mégatendances » qui toucheront l'automobile d'ici 2030.

L'âge de plus en plus avancé des conducteurs en fait partie. « Il faudra davantage humaniser les véhicules, ce qui créera un besoin de spécialistes de la santé capables d'expliquer, de démontrer et de réparer les nouvelles technologies embarquées qui verront le jour dans les années à venir », résume le constructeur.

Ford a intégré un électrocardiogramme dans ce siège. Un logiciel peut détecter les signes précurseurs d'une crise cardiaque. Photo Ford

CHEF D'ORCHESTRE POUR PARC DE VOITURES AUTONOMES

Chez General Motors, on espère toujours que les véhicules entièrement autonomes élimineront totalement les accidents de la route.

Au moment de présenter la technologie de conduite autonome Super Cruise qui équipe notamment la Cadillac CT6 actuelle, le groupe américain a expliqué qu'il faudra former toute une ribambelle d'experts de la technologie autonome.

Ce personnel sera nécessaire pour assurer le bon fonctionnement des capteurs équipant les véhicules et de superviser les communications entre les véhicules et leur environnement.

Ces gens agiront à distance, un peu comme un chef d'orchestre surplombant ses musiciens.

Le SuperCruise de Cadillac. Photo Consumer Reports

PILOTE À DISTANCE

Quand votre PC refuse d'obéir à vos ordres, vous appelez un technicien qui en prendra le contrôle à distance afin de remettre de l'ordre dans ses réglages et son comportement.

Ce sera la même chose pour les véhicules autonomes, car une fois l'avènement des premiers réseaux cellulaires 5G, quelque part vers 2020, des agents dans un centre d'appels pourront aider les occupants d'un véhicule autonome à se sortir du pétrin en prenant le volant à distance.

Déjà, ce printemps, General Motors et Alphabet (Waymo) ont reçu l'aval du Département californien des véhicules motorisés afin de tester leur technologie respective de pilotage à distance de véhicules autonomes.

Les adeptes de jeux vidéo de course automobile ont peut-être un débouché intéressant de ce côté...

Être bon à Need for Speed débouchera peut-être un jour sur un emploi. N'abandonnez pas l'école tout de suite, ce n'est pas pour demain. Photo Electronic Arts