Les marques japonaises qui, hier encore, tenaient le haut du pavé font désormais face à une concurrence exacerbée avec l'arrivée de modèles sud-coréens (Kia, Hyundai) et haut de gamme. Bref, on se bouscule sur un segment en repli.

La crise de l'automobile compacte en général résulte par ailleurs d'un déficit de créativité. Certes, les marques prestigieuses sont parvenues à imposer l'idée qu'un modèle « plus ramassé » peut être chic et cher (Audi A3, Acura ILX, Mini Clubman, Mercedes Classe B) ; pour le reste, on ne peut pas dire que, ces dernières années, l'imagination ait pris le pouvoir.

Mazda 3-banc d’essai Éric Lefrançois 21 novembre 2016-crédit : Mazda Canada

Déficit de créativité dans toute l'industrie

Côté style, la plupart des compactes s'efforcent de ressembler au modèle de la gamme supérieure. Comme écrasés par l'enjeu, leurs concepteurs cherchent d'abord à ne pas déplaire.

Pendant des années, l'idée selon laquelle on n'avait pas le droit de se tromper avec un modèle aussi stratégique a conduit à privilégier les choix très consensuels. Cette tendance au conformisme invite aujourd'hui les constructeurs (et les clients) à rechercher une autre façon de rouler.

Selon les constructeurs, le consommateur exige dorénavant une voiture couteau suisse à la fois sportive, logeable, bourgeoise et originale. La Mazda 3 répond à plusieurs de ces critères. Longtemps fer de lance de la marque d'Hiroshima, cette compacte commence peu à peu à s'essouffler, comme en font foi ses ventes. Pour la raviver et surtout pour effacer quelques rides, Mazda procède cet automne à une mise à niveau susceptible de la stabiliser d'ici sa refonte complète, prévue dans deux ans.

Mazda 3 - banc d'essai ƒric Lefranois 21 novembre 2016 - crŽdit: Mazda Canada

Des améliorations notables

La principale amélioration apportée consiste à intégrer un vecteur de couple (voir au bas de cet article) pour améliorer l'agrément de conduite, le confort et la sécurité des occupants. Cette technologie, que l'on retrouve généralement sur des modèles plus cossus et axés sur la performance, vise principalement à accroître la stabilité du véhicule et à rendre les changements de trajectoire plus fluides.

Si précieuse soit-elle, cette addition ne changera pas forcément la perception de l'automobiliste moyen qui, depuis longtemps déjà, reconnaît à la marque japonaise son savoir-faire en matière de dynamisme. En revanche, les amateurs de conduite se réjouiront de la présence de cette avancée qui permet à la 3 de se détacher du peloton. La direction à assistance électrique offre un ressenti très fin de l'état de l'adhérence. 

Cette Mazda enfile les virages avec précision et naturel, et fait preuve d'une stabilité rassurante et d'une neutralité bienveillante au lever de pied dans une courbe qui se referme.

En fait, l'automobiliste moyen appréciera davantage les modifications apportées aux éléments suspenseurs, qui assurent un roulement plus feutré qu'autrefois, et l'attention portée à l'insonorisation, qui a permis de réduire le niveau sonore de trois décibels. Cette amélioration demeure plus notable encore sur le modèle Sport (cinq portes).

Outre le développement du châssis, on note également les retouches appliquées aux deux moteurs qui s'offrent pour l'animer. Celles-ci sont plus subtiles et visent essentiellement à rendre l'accélération et les reprises plus linéaires. Même si la boîte manuelle représente le choix à privilégier avec le 2 L pour mieux tirer profit de la courbe de puissance, la transmission automatique demeure, avec le 2,5 L surtout, la plus efficace des deux. Celle-ci assure une meilleure économie à la pompe et compte de plus sur un mode Sport qui permet d'exploiter au mieux les ressources de cette motorisation.

Mazda 3 - banc d'essai ƒric Lefranois 21 novembre 2016 - crŽdit: Mazda Canada

Photo : Mazda

Concurrencée de toutes parts, y compris par d'autres modèles du constructeur japonais, la Mazda 3 perd progressivement du terrain.

Tout est dans les détails

Tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, les stylistes ont cherché à faire « excitant et fonctionnel ».

Matériaux plutôt valorisants avec ses cuirs, ses surpiqûres et son traitement bicolores ; et qualité de fabrication sans bavure, à la condition, bien entendu, d'allonger la somme demandée. L'emplacement des commandes ne soulève aucune critique une fois que l'on a maîtrisé la molette de l'ordinateur de bord et les commutateurs qui « flottent » autour, et les espaces de rangement --légèrement plus accueillants-- sont intelligemment répartis.

Offerte en modèles trois ou cinq portes, la Mazda 3 bénéficie en série d'intéressants équipements optionnels (affichage tête haute, capteurs d'angles morts, reconnaissance des panneaux de signalisation), et ses prix la situent assez favorablement vis-à-vis de la concurrence.

Il est vrai que, dans cette catégorie de voitures qui constitue le plus important segment du marché automobile québécois, la 3 souffre toujours d'un léger déficit en matière d'habitabilité et de volume utilitaire. Elle aura donc fort à faire pour contrecarrer l'offensive récente de rivales parfois plus insipides.

Mazda 3 - banc d'essai ƒric Lefranois 21 novembre 2016 - crŽdit: Mazda Canada

Le contrôle vectoriel, pour quoi faire ?

Il y a tout lieu de s'interroger sur la pertinence d'offrir un dispositif de répartition vectorielle de couple plutôt qu'un rouage intégral.

Ce dernier aurait sans doute été perçu davantage comme une avancée par l'automobiliste moyen. Il aurait également permis à la marque d'Hiroshima d'offrir une solution de rechange crédible aux Impreza (Subaru) et Sportwagon (Volkswagen) sur le marché.

Qu'à cela ne tienne, l'ajout d'un vecteur de couple apparaît comme une suite logique de l'ensemble des technologies regroupées sous le vocable SkyActiv. D'autant plus que ce dispositif permet de moduler une différence de vitesse entre les roues, et ce, indépendamment du couple fourni par le moteur pour faciliter les changements de trajectoire. Évolution logique du différentiel autobloquant, ce système utilise des capteurs déjà existants, donc n'entraîne pas une hausse de poids ni, par bonheur, une hausse des coûts.

Mazda 3 - banc d'essai ƒric Lefranois 21 novembre 2016 - crŽdit: Mazda Canada

Trois fleurs, trois tomates

ON AIME 

Détails de finition (GT surtout) 

Vecteur de couple 

Agrément de conduite 

ON AIME MOIN

Attrait en baisse 

Coût des versions huppées 

Habitabilité moyenne

Fiche technique

L'ESSENTIEL 

Marque/Modèle : Mazda 3

Fourchette de prix : de 15 900 à 29 250 $

Transport et préparation : 1695 $

Garantie de base : 3 ans/kilométrage illimité

Consommation obtenue : 8,3 L/100 km

TECHNIQUE 

Moteur : L4 DACT 2,5 L

Puissance : 184 ch à 5700 tr/min

Couple : 185 lb-pi à 3250 tr/min

Poids : 1361 kg

Rapport poids/puissance : 7,39 kg/ch

Transmission (série) : Manuelle à six rapports

Transmission (option) : Automatique à six rapports

Mode : Traction

Diamètre de braquage : 10,6 m

Freins av.-arr. : Disque/Disque

Pneus av.-arr. : 215/45R18

Capacité du réservoir : 50 L

Essence recommandée : Ordinaire