Le Sultanat d'Oman, ou La Presse s'est rendue pour cet essai, est un petit pays torride au sud du désert d'Arabie. La présence de sable sur la chaussée rend parfois la conduite délicate, voire hasardeuse tant on a l'impression de rouler sur des billes. Généralement, la conduite de toute voiture puissante nécessite dans pareilles circonstances un engagement physique absolu. Pas la RS3.

Armée d'un rouage à quatre roues motrices d'une redoutable efficacité, de disques en carbone (à l'avant seulement et ce, moyennant supplément), de pneus plus larges à l'avant qu'à l'arrière pour mieux gommer le sous-virage susceptible d'apparaître sur ce châssis issu de la plateforme MQB de Volkswagen (similaire à celui de la Golf) et d'aides à la conduite pas trop intrusives - le train arrière s'amuse à balayer la chaussée si vous avez le coeur solidement accroché - , la RS3 est un régal. Les freins rougissent, la gomme brûle, et l'essayeur a le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

Légale sur la route, idéale sur la piste

Les réactions de la RS3 sont franches et prévisibles, mais pour en tirer tout le potentiel, il faut un circuit.

Ce n'est que sur celui-ci que cette Audi fait étalage de toute sa vivacité et de sa faculté --pour peu que l'on débranche le correcteur de stabilité électronique-- à entretenir de longues glissades. Son centre de gravité abaissé, ses voies plus larges pour améliorer sa stabilité directionnelle, ses amortisseurs plus fermes concourent tous à rendre la conduite plus exaltante que celle d'une Mercedes CLA 45AMG, mais cela ne « coule » pas aussi bien qu'au volant d'une BMW M2 dans les enchaînements et sur une chaussée parfaitement sèche.

À des vitesses réglementaires, on ne retombe pas complètement sur terre. La RS3 n'offre guère plus de sensations, aux mains d'un non-initié, qu'une S3 vendue 16 300 $ de moins. Après tout, comme la S, cette version RS (pour Radicalement Sportive ?) se comporte avec une grande docilité, et point n'est besoin de trop braquer pour l'inscrire dans la direction souhaitée. Le petit volant transmet sans interférence, mais sans grande conviction non plus, chacun de vos changements de cap.

Non, le 5-cylindres en I n'est pas mort

La différence de prix trouve, en très grande partie, sa justification sous le capot. En effet, la RS3 représente une autre occasion pour Audi de rappeler que le cinq-cylindres --l'un des fonds de commerce de la marque-- n'est pas mort. Au contraire, ce nouveau bloc capable de développer plus de 500 chevaux est appelé à se retrouver dans des modèles plus radicaux encore que la RS3 dans un proche avenir.

Dans sa configuration actuelle, ce 2,5-litres suralimenté produit 400 chevaux et 354 livres-pieds de couple. Dès que la pédale d'accélérateur est enfoncée, cette RS3 bondit avec une telle rapidité qu'elle atteint le cap des 100 km/h en tout juste 4,1 secondes grâce à l'aide au démarrage (launch control). Étonnamment, l'accélération n'a rien de violent. Elle est plutôt progressive, voire linéaire. Qu'à cela ne tienne, on reste tout de même estomaqué par ses accélérations et ses reprises, et par sa capacité à nous infliger des « G » lors des passages en courbe. Les sept rapports de sa boîte automatique à double embrayage, d'une belle efficacité, ajoutent sans doute un peu de lest au véhicule et souffrent un peu du léger temps de réponse du turbocompresseur lors d'une franche réaccélération, mais cette boîte automatique est néanmoins rapide et plus économique à la pompe.

Reprenons la route. Chaque coup de volant donne envie d'en remettre.

Cinq cylindres en I. Photo: Audi

La mélodie du bonheur

L'Audi RS3 grogne de plaisir, vous jette d'un virage à l'autre, taille la trajectoire au scalpel. Le serpent de goudron s'avale avec gourmandise. Lorsque les bosses n'osent plus menacer les suspensions, un brin sèches avec des pneus au profil aussi bas (série 35) ; que les quatre roues ont glissé à la perfection ; que le moteur a hurlé sa joie d'avoir autant de vaillantes soupapes, il ne reste plus qu'à sélectionner le mode Confort de l'Audi Drive Select (celui-ci paramètre différents modes de conduite) et à rentrer gentiment à la maison. Aussi, faut-il le dire, il n'est pas nécessaire de se transformer en danger public pour apprécier sa tenue de route et la poussée du moteur cinq cylindres, à la fois majestueuses et ébouriffantes. En soi, son inimitable acoustique caverneuse est déjà un régal. Très travaillée et moins froidement métallique, cette signature sonore est l'une des plus vibrantes que l'on puisse entendre.

La RS3, pas très éloignée extérieurement d'une BMW Série 3 classique, mais dotée d'une mécanique et d'un châssis exceptionnels, confirme cette tendance à l'escalade de puissance, tout en demeurant une voiture confortable en usage quotidien. Les formes plus musclées, comme en font foi les prises d'air plus proéminentes, les bas de caisse élargis, le diffuseur englobant les échappements et l'aileron arrière fixe, ne font pas trop m'as-tu-vu.

Intérieur bourgeois sportif

À bord, l'univers proposé est bien celui d'une A3. Bourgeois, l'habitacle de la RS3 se pare de quelques touches sportives. En option, des sièges plus enveloppants sont proposés pour maintenir fermement le conducteur dans ses fonctions. Hormis les monogrammes RS glissés çà et là, ou encore une instrumentation au graphique spécifique, on retrouve l'ambiance très léchée des autres Audi.

Considérant son niveau de performances accrues et la grande sophistication de son moteur, cette RS est la plus désirable de la famille A3 et son prix paraît parfaitement justifié. Reste maintenant à l'attendre, puisqu'elle n'arrivera chez les concessionnaires canadiens qu'à l'été.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi.

Trois fleurs, trois tomates

On aime

Musicalité du 5 cylindres

Présentation intérieure

Agréable au quotidien

On aime moins

Temps de réponse

Comportement un peu coincé

Prix et celui des options

Fiche technique

Prix: 62 900 $

Garantie de base: 48 mois ou 80 000 km

Moteur: L5 DACT 2,5 litres suralimenté

Puissance: 400 ch à 7000 tr/min

Couple: 354 lb-pi entre 1700 et 5850 tr/min

Poids: 1515 kg (version européenne)

Rapport poids/puissance: 3,78 kg/ch

Mode: intégral

Transmission de série: automatique à sept rapports à double embrayage

Transmission optionnelle: aucune

Diamètre de braquage: n.d.

Freins (av.-arr.): disque-disque

Pneus (av.-arr.): 255/30R19 - 235/35R19

Capacité du réservoir: n.d.

Essence recommandée: super

Consommation réelle observée: 12,7 l/100 km

Concurrentes directes: BMW M2, Ford Focus RS, Mercedes CLA AMG

Visible dans les concessions: été 2017

Pour en savoir pluswww.audi.ca