Ottawa a précisé hier les critères donnant accès au programme d'incitation à l'achat de voitures « zéro émission » annoncé dans son dernier budget, il y a un mois. Il débutera le 1er mai, sera applicable à l'achat et à la location et inclut certains véhicules hybrides.

2500 $ ou 5000 $

Ottawa versera 5000 $ à l'achat ou à la location pour 48 mois d'une voiture 100 % électrique ou hybride rechargeable dotée d'une batterie d'une capacité minimale de 15 kWh. Les voitures d'une capacité inférieure ne donneront accès qu'à 2500 $. Des avantages de moindre importance seront aussi proposés pour des locations à plus court terme. La façon précise dont ces sommes seront versées n'a pas encore été déterminée et devra l'être d'ici l'entrée en vigueur du programme.

« Que ce soit disponible dès le 1er mai, c'est assez extraordinaire en termes de vitesse », a indiqué hier le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau.

45 000 $ ou 55 000 $

Pour être admissibles, les véhicules de six passagers et moins devront coûter moins de 55 000 $ avant taxes, et ce, à condition que le modèle de base dudit véhicule soit offert pour moins de 45 000 $.

Exemple fictif : la voiture X est proposée dans les configurations A, B et C, dont les prix sont respectivement de 44 500 $, 49 500 $ et 54 500 $. Le modèle C est admissible à une subvention de 5000 $ en raison de l'existence du modèle A.

Dans le cas de véhicules de sept passagers et plus, le prix de base est fixé à 55 000 $. Une seule voiture, la Chrysler Pacifica, construite au Canada, se conforme pour l'instant à ce critère.

Critères étendus

Le budget fédéral ne consacrait qu'un paragraphe à cette mesure. On y parlait de « véhicules zéro émission [...] dont le prix de détail suggéré par le fabricant est de moins de 45 000 $ ».

En tenant pour acquis que le critère « zéro émission » éliminait les voitures hybrides, très peu de modèles se qualifiaient pour ces critères et la plupart n'auraient été admissibles qu'en version « de base ».

Les critères annoncés hier, plus généreux, « sont gagnants pour l'industrie parce qu'ils permettent différents types de véhicules, dans toutes les catégories », croit le président-directeur général de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec, Robert Poëti.

Des hybrides « zéro émission » ?

On pourrait s'étonner de voir des véhicules hybrides inclus dans un programme portant la mention « zéro émission ». Pour la chercheuse en transports chez Équiterre Jessie Pelchat, le nom du programme peut effectivement porter à confusion. Elle ne remet toutefois pas en question les critères.

« Pour les deux ou trois prochaines années, je pense que l'incitatif [aux voitures hybrides] va être nécessaire pour favoriser la transition, croit-elle. C'est intéressant aussi de garder le plus d'inventaire possible. »

Au Québec

Au Québec, la mesure incitative fédérale s'ajoute à celle du gouvernement provincial. Pour l'achat ou la location à long terme d'une voiture neuve 100 % électrique répondant aux critères fédéraux, plus stricts, l'aide totale pourrait donc atteindre 13 000 $. Pour une voiture hybride rechargeable, les critères québécois dépendent de la capacité de la batterie. Au total, la subvention des deux gouvernements pourrait donc varier entre 2900 $ et 13 000 $.

Le directeur marketing et produit pour la Nissan Leaf au Canada, François Lefèvre, estime que le bond de 8000 $ à 13 000 $ aura un impact sur les ventes au Québec.

« On a l'exemple parfait avec l'Ontario, où le crédit était de 9000 $ à 12 000 $ et où on en vendait peu, puis il est passé à 14 000 $ et ça a décollé. »

L'Ontario a depuis complètement éliminé ces subventions.

Des heureux

L'incertitude entourant les détails du programme fédéral avait paralysé les ventes de voitures électriques depuis un mois. Constructeurs et concessionnaires se sont donc sans surprise réjouis des annonces faites hier.

« Le fait d'être au courant des paramètres du programme permettra aux consommateurs de prendre des décisions d'achat éclairées alors qu'ils seront armés de connaissances [...] sur le montant de la mesure incitative qui sera appliquée à leur achat de véhicule », a déclaré dans un communiqué David Adams, président des Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada.

« La subvention à l'achat est la première étape afin de remplacer le parc automobile existant par des véhicules électriques et nous sommes donc heureux de voir le Canada suivre cette voie », s'est de son côté réjoui Sidney Ribaux, cofondateur et directeur général d'Équiterre.