Après avoir voté un règlement encadrant les véhicules en libre-service sans ancrage le mois dernier, Montréal se prépare à accueillir une première entreprise de vélos électriques grand public à l’été. Et il s’agit de nulle autre qu’Uber, qui devrait déployer les vélos rouges de sa filiale Jump « d’un jour à l’autre ».

PHOTO ALAIN MCKENNA, COLLABORATION SPÉCIALE

Les vélos d’Uber intègrent un cadenas souple à leur garde-boue arrière. L’application mobile déverrouille ce cadenas quand l’utilisateur numérise le code QR du vélo à partir de son téléphone, puis facture la course à la minute tant que ce dernier n’est pas dûment verrouillé à nouveau.

Les responsables de l’urbanisme et de la mobilité à la Ville de Montréal disent avoir créé une réglementation inspirée des meilleures pratiques mises en place dans d’autres villes de la planète où vélos et trottinettes électriques sont déjà offerts en libre-service par des entreprises comme Lime Bikes, Mobike et d’autres encore, dont Uber, justement. La principale mesure obligera les utilisateurs à verrouiller ces véhicules après usage, idéalement à un support à vélo, ou à les déposer dans des lieux prédéterminés un peu partout en ville.

« On veut faire la promotion du transport électrique, alors on est prêts à offrir nos vélos d’un jour à l’autre », dit Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole d’Uber, qui assure qu’il y en aura suffisamment, mais pas trop. « On veut offrir un service dans les règles de l’art, alors c’est avec plaisir que nous collaborons avec la Ville pour son introduction. »

La clé est dans le cadenas

Pour ce faire, Uber paiera pour un permis délivré par Montréal, renouvelable sur une base annuelle. Ensuite, même si ses vélos à assistance électrique n’ont pas besoin d’un ancrage fixe, comme c’est le cas pour les BIXI, ils seront verrouillables, afin que les utilisateurs puissent les attacher à l’un ou l’autre des nombreux supports à vélo qu’on trouve dans les 19 arrondissements montréalais.

PHOTO SIMON GIROUX, LA PRESSE

Des vélos Bixi stationnés à un ancrage au centre-ville.

Les vélos d’Uber intègrent un cadenas souple à leur garde-boue arrière. L’application mobile déverrouille ce cadenas quand l’utilisateur numérise le code QR du vélo à partir de son téléphone, puis facture la course à la minute tant que ce dernier n’est pas dûment verrouillé à nouveau.

Ailleurs dans le monde, à Seattle notamment, les vélos Jump peuvent être laissés en plein trottoir, malgré la présence d’un tel cadenas sur les vélos. Mais quand celui-ci est verrouillé, la roue arrière est bloquée et le moteur, offrant une assistance électrique de quelques dizaines de kilomètres par charge, est éteint. Des employés d’Uber parcourent les rues la nuit afin de troquer les batteries à plat contre des batteries à pleine charge.

Éviter le « dumping »

Plus connue chez nous pour son application homonyme de voitures sur demande qui fait tant rager les chauffeurs de taxi, Uber a mis la main sur la jeune pousse new-yorkaise Jump à la fin de l’été dernier, afin d’élargir son offre dans le contexte de ce que les experts appellent « le dernier kilomètre », cette distance à parcourir entre la maison, le bureau ou l’épicerie et le moyen de transport traditionnel le plus près.

Outre les vélos rouges d’Uber Jump, on compte une quarantaine d’autres types de vélos et de trottinettes électriques dans le monde, qui tentent tous de saturer ce marché le plus rapidement possible afin d’en émerger comme un des acteurs dominants et, éventuellement, profitables.

Cette concurrence effrénée a produit plus d’une situation où les rues et les trottoirs de certains quartiers débordaient littéralement de ces petits véhicules, ce qui a aggravé l’état de la circulation au lieu de la rendre plus fluide, l’ambition officielle derrière l’émergence de ce nouveau mode de transport.

Pouvant se permettre de temporiser grâce à l’existence des BIXI, Montréal a donc pris un peu de recul afin d’élaborer un cadre qui vise à autoriser le déploiement de ces vélos électriques, d’abord, puis des trottinettes, éventuellement, sans que tout se fasse dans un chaos désorganisé.

« On voulait s’assurer d’accueillir sur notre territoire uniquement les joueurs sérieux, et d’éviter les situations de “dumping” de produits de mauvaise qualité, ou d’entrave à la circulation, comme on l’a fréquemment vu à l’étranger », explique Éric Alan Caldwell, responsable de l’urbanisme, du transport et de l’Office de consultation publique de Montréal, dans un communiqué.